Je suis quelqu'un d'assez têtu. Je m'étais rendu compte, à revoir récemment le premier Robocop, que ce n'était pas tout à fait ma came, jusqu'à ce qu'on me dise "ah mais en fait, le deux est vraiment bien, dans mon souvenir, il était même mieux". Bon, ce genre d'allégations, difficile de les prendre au sérieux, tout de même. D'un autre côté, je n'arrivais jamais à voir Robocop 2 : je m'arrêtais toujours à la séquence où le robot-Kain débarquait pour tuer les gangsters et les hommes du maire, ce qui représentait pour moi le début du film, puisque l'introduction assez tardive du grand méchant. Donc, je connaissais quand même un poil le background : un an après le premier métrage, c'est toujours la merde à Detroit, les flics sont toujours en grève, mais pire, l'OCP se frotte les mains parce que, croulant sous les dettes, la ville va bientôt leur revenir enfin ! Et pour fêter ça, ils décident de lancer la production d'un nouveau Robocop censé remplacé le premier, un peu trop intègre à leur goût.
Ah, Robocop, Detroit, cette ambiance délétère, ces flics qui font la grève, ces pourris qui bombardent les rues à grand coup de grenades, qui dévalisent tout ce qui bouge (et même ce qui ne bouge pas). En fait, c'est un peu un docu-fiction, l'air de rien. Le premier de Voehroven ne m'avait pas convaincu à 200%. Je trouvais cool le côté "violence ? no complex !". Par contre, l'aspect opposition entre l'homme et la machine, c'était pas vraiment à l'ordre des préoccupations. Dans ce deuxième épisode... eh ben, c'est un peu la même chose : on prend des éléments relativement connus, on prolonge un peu le côté brute de décoffrage et bim, on a une suite qui ne trahit pas du tout le premier opus : c'est gore, glauque, plutôt chouette mais...
Tout le problème de ce Robocop 2, à mon sens, tient justement du fait que j'ai toujours cru avoir vu le début alors qu'en réalité, la séquence dont je parlais auparavant arrive à presque 1h20 dans le film. En fait, le métrage comporte énormément de bonnes idées, ça, c'est sûr. On a du robot flic-fou, des séquences d'arrestations assez décalées (le gang de baseballers en tête !), une reprogrammation nounours de Robocop. Le souci, c'est qu'un amas de bonnes idées, ça fait pas un film... ça fait un amas de bonnes idées. Parfois, faut savoir tailler un peu dans la masse pour en retirer la substantifique moelle ! Dommage qu'à force d'aller à droite, à gauche, le film perd en structure ce qu'il gagne en sympathie : résultat, la situation initiale, l'élément perturbateur, les péripéties, la conclusion, tout ça, c'est un poil mis de côté pour une accumulation de situations intéressantes, mais qui donnent surtout l'impression qu'on a affaire à plusieurs épisodes d'une même série télé, plutôt qu'à un métrage.
Côté mise en scène, c'est quand même l'homme qui a dirigé l'Empire Fucking Contre-Attaque, le meilleur Star Wars de tous les temps (j'inclue sans trop de risque la prochaine trilogie) et pourtant, c'est plutôt classique, sans trop de prise de risque. Bon, sinon, en tant que grosse série B, les acteurs hésitent entre le surjeu et l'absence totale de volonté d'incarner leurs personnages. En gros, Kain est plutôt bien campé, le personnel de l'OCP est délicieusement méchant et Peter Weller continue de faire sa duckface qui a donné l'air tellement bad ass à son personnage. De ce point de vue-là, on est en terrain connu, pour peu qu'on ait eu le plaisir de voir le précédent opus.
Quand au "politiquement incorrect", ça reste violent, mais bon, j'avais pas spécialement vu la charge contre la politique dans le précédent opus, ici, ça reste tout autant bas du front. Le capitalisme, c'est mal. Le consumérisme, c'est loin d'être top. Oui bon, même la mise en situation n'est pas terriblement vindicative, mise à part la fin du film, avec les dernières manoeuvres de l'OCP, et ce plan du boss qui enjambe un cadavre pour lancer aux journalistes qu'il n'a pas de commentaire à faire sur la crise de folie de leur Robocop 2. Lolilol. Le contexte du métrage n'a pas terriblement évolué depuis le premier : des flics en colère, une ville sur le point d'être rachetée par une société privée, des municipaux particulièrement incompétents. Bon, on connaît quand même la chanson, depuis le premier...
Bon, au final, un film parfaitement acceptable, un poil foutraque mais pas désagréable à visionner, mais pas inoubliable non plus. Décidément, la franchise "Robocop" reste pour moi une saga finalement assez mineure de la SF, qui ne tient pas réellement la route face aux deux premiers opus de Terminator. Fallait choisir son camp, moi, c'est le cas. Pour le plaisir, je compte quand même me faire le dernier Robocop, histoire de m'amuser un poil !
