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Il n'est pas évident de ressusciter une saga morte et enterrée depuis des lustres. Et en l'occurrence, la tâche est d'autant plus ardue quand il s'agit de faire un remake d'un long métrage culte des années 80, qui reste malgré son âge, moderne et toujours d'actualité, un film qui a bercé toute une génération de cinéphiles. Et je suis le premier concerné, le Robocop original est surement l'un de mes films favoris, en outre il est mis en scène par Paul Verhoeven, qui est LE cinéaste qui a toute mon admiration. De ce fait, étant un fanatique pur souche de l'oeuvre originale, la logique voudrait que je sois prédisposé à ignorer ou à afficher mon mépris à l'égard de ce nouveau Robocop. Et pourtant non, ce projet qui a eu beaucoup de mal à voir le jour, puisque certains cinéastes s'y sont cassés les dents (mais aussi parce que la MGM a eu quelques soucis financiers entre temps), a titillé ma curiosité.


Le réalisateur finalement retenu pour mettre en scène le célèbre flic-cyborg a manifestement bien galéré pour livrer le produit le meilleur possible et il a plutôt bien réussi son boulot, en dépit de toutes les concessions qu'il a dû effectuer. Que ce soit dans le domaine de la fiction ou du documentaire, José Padilha est réputé pour avoir réalisé des oeuvres sans concession et virulentes. Naturellement, c'était le candidat idéal pour succéder au Hollandais violent. Dans les années 80 aux USA, c'était déjà dur d'imposer sa patte quand on était un réalisateur étranger fraichement débarqué, aujourd'hui ça l'est davantage. Évidemment, époque et blockbuster Hollywoodien oblige, le metteur en scène brésilien a dû ronger son frein afin de livrer un produit consommable pour le maximum de personnes possible.


Est-ce un facteur préjudiciable pour ce remake vis-à-vis du tout premier épisode ? Finalement non, puisque les responsables du scénario ont voulu essayer autre chose qu'un bête copier/coller. En terme d'ambiance générale et de parti pris scénaristique, on a droit à quelque chose de nouveau, si je puis dire. Au revoir la satire grinçante de l'Amérique capitaliste, au revoir la violence outrancière, au revoir l'ambiance comic book. Laissons place à une relecture se débarrassant de quasiment tout ce qui a fait le charme du premier opus, afin de ne garder que le concept de base pour mieux exister par soi-même. Et par conséquent, se concentrer sur d'autres aspects qui ont été éludés par le passé.


La ville de Détroit, ainsi que tout ce qui se déroule autour des policiers et de la gestion de la criminalité ne sont pas au coeur de l'histoire. Le point de vue de l'entreprise Omnicorp est bien plus mis en avant, tout comme le docteur Norton. En effet, celui qui est chargé de mettre une conscience dans un produit, joue un rôle prépondérant dans l'intrigue (en plus d'avoir une caractérisation différente du personnage original). Cela ne se limite pas qu'à lui et à d'autres protagonistes. J'énumère en vrac: toute la conception de la machine, les phases de test, les moments où Alex Murphy doit gérer sa vie de famille tout en étant à distance et dans une boite de conserve, les questions éthiques, la dualité homme/machine; ainsi que toute la problématique dont l'Omnicorp doit faire face pour imposer les robots dans les consciences Américaines. C'est simple, la plupart du temps l'intrigue se situe dans des environnements cloisonnés, comme les bureaux ou dans les laboratoires appartenant à l'entreprise. Cela ne m'a posé aucun problème, puisque j'ai trouvé la perspective politique, juridique ou morale assez intéressante. Tout n'est pas parfait bien sûr, en terme de narration c'est moins fort, efficace ou fluide qu'auparavant. Il y a quelques passages cousus de fil blanc. Tout ce qui a un lien avec la vengeance personnelle de Murphy est quelque peu faiblarde (Vallon, ce bad guy en carton sérieux). Fort heureusement, ce sont des éléments mineurs.


En terme de mise en scène c'est tout aussi appliqué. Je ne m'attendais pas à une telle fluidité dans les mouvements de caméras, et c'est une constante durant tout le long métrage. José Padilha est un adepte de la caméra portée. Ici on retrouve ce style partiellement pour certaines scènes d'actions (qui sont pour la plupart courte et intenses), mais pour le reste c'est filmé de façon élégante, avec des plans qui durent, passant d'un point de vue à un autre avec une aisance déconcertante. Après de manière globale, visuellement c'est assez joli. Je n'ai pas perçu de fausses notes en matière d'effets spéciaux numériques, ils sont bien intégrés avec le reste du décor. En revanche, je suis moins admiratif de la direction artistique. Je parle essentiellement du nouveau design de l'armure de Robocop. Même si on peut le trouver discutable, le modèle gris métal passe plutôt bien à l'écran, par contre l'armure complètement opaque, difficile d'y souscrire (heureusement ce n'est qu'un délire du patron de la boîte).


Concernant le casting, du côté des vieux briscards comme Samuel L. Jackson, Michael Keaton et Gary Oldman, c'est parfait. Les autres têtes moins connues ça le fait moins, notamment et surtout Joel Kinnaman. Je n'ai rien contre lui, il n'est pas spécialement mauvais, je l'ai trouvé juste fade avec un déficit flagrant de charisme (dans ce film en tout cas). Dur de passer après Peter Weller, qui en plus d'avoir une gueule, a une voix tout aussi singulière et marquante. J'ignore s'il est utile d'évoquer la composition musicale tant elle est insipide, ça ne suffit pas de reprendre le thème à l'arrache, en tout cas, pas pour moi.


Pour conclure, je dirai que ce remake perfectible, est malgré tout une bonne surprise car il a eu l’intelligence de proposer d'autres choses pertinentes. Et accessoirement il met la franchise sur de bons rails, ce qui n'était pas gagné à l'avance, loin de là.

Jubileus
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le 16 déc. 2015

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Jubileus

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