Vu 2 fois, il y a plus de 10 ans puis juste avant d'écrire la critique.

Rob Roy, pour faire vite et un peu vague, c'est Braveheart quelques siècles plus tard... Un clan de fier Highlanders Ecossais se bat contre la misère et la dureté de la vie pour continuer à survivre dans les landes, avec ou sans la bénédiction de seigneurs. Nous sommes au début du XVIIIème siècle, et par conséquent le paysage a tout de même un peu changé depuis le Moyen Age du film de Mel Gibson. On ne parle plus d'indépendance de l'Ecosse ni véritablement de révoltes des paysans face à la noblesse, tout juste d'un climat de tensions politiques seigneuriales concernant la reconnaissance du prétendant légitime au trône d'Angleterre, qui finira par manipuler Robert Roy dans son combat personnel, à moins que ce ne soit l'inverse et qu'en réalité Rob Roy (ou plutôt sa femme) n'ai profité du contexte pour se trouver une alliance aristocratique...

La modernité s'installe doucement, et si la noblesse, engoncée dans la sophistication propre à cette ère contemporaine de Louis XIV à coup de perruques et de poudrage de visage, vie avec son temps, le peuple semble lui toujours resté au temps de William Wallace, conservant l'épée à double tranchant, le kilt séculaire, la couche de crasse et leurs maisons de pierres perdues dans les collines et le brouillard.

Rob Roy est un chef de clan, mais se présente plus comme un protecteur. Il est déterminé, loyal à la hiérarchie sociale, mais ambitieux et surtout, d'une intraitable honnêteté. Afin d'enrichir son clan, il envisage un gros et couteux emprunt au seigneur local, avec l'intention de faire fructifier cet argent par un dur labeur. Mais après avoir été arnaqué et volé par les innombrables pourris s'intercalant entre lui et le duc, il va se retrouver contraint de défier l'autorité de ce dernier et de devenir un fuyard, puis un rebelle.

Finalement, l'histoire ne présente pas de lutte des classes. Certes le duc n'est pas particulièrement sympathique, mais ce sont surtout ces hommes qui ont provoqué le conflit. Parmis eux, Archibald, le vrais grand méchant du film, une salope de première (enfin, sauf que c'est un mec). Un enfant issu de la noblesse anglaise mais surtout batard dépravé envoyé au fin fond de l'Ecosse par sa famille pour qu'elle n'entende plus parler de lui pendant quelque temps. Ce personnage est extrêmement ambigu, semblant à première vue franchement efféminé, avec sa perruque bouclée, son poudrage blanc/rose, son visage creusé, son accoutrement de courtisan, sa sophistication et la légèreté de ces courbettes de gros fayot hypocrite devant le duc. Mais dans le fond, c'est un gros baiseur de femmes rongé par la luxure, un chef de guerre sans pitié et une très fine lame, maniant avec agilité la rapière comme un bon gentleman, face à tous ces bouseux d'Ecossais se battant encore comme au Moyen Age. Le personnage est vraiment puant et vicieux, et l'idée de le voir payer pour ses crimes devient le principal moteur de l'histoire vers la dernière demi-heure.

Il est peut-être même la star devant même un Rob Roy (Liam Neeson) trop honnête et trop droit, voir trop passif devant les saccages et ignorant de la réalité de la situation pour être aussi intéressant. Le final est d'autant plus étrange, voir surprenant, parce que finalement, en y réfléchissant, ce bon Royl a triché pour gagner son duel, après avoir été vaincu par les armes et plié les genoux devant son ennemi juré. Mais cette fin assez inattendue n'est pas un mal, surtout venant de la part d'un personnage qui passe deux heures à rester inflexible pour garder son honneur, quoi qu'il lui en coute.

Le film est lui-même sale, frustre et grossier. Ça baise dans les châteaux ou en pleine nature, ça pisse, ça pête et même les plus « nobles » ne se privent pas de lâcher des flots d'injures. La reconstitution historique semble plutôt honnête. Dommage que la photographie des Highlands ne soit pas aussi belle qu'elle aurait pu, que le scénario repose pendant plus d'une heure sur un malentendu (qui a disparu avec l'argent emprunté ?), que le clan s'efface derrière la seule personne du héros et que le rythme soit un peu mou (ça manque d'action et le film dure un peu plus de deux heures).

Au final, Rob Roy est méconnu, beaucoup moins réputé que son grand frère Braveheart, mais ce statut est aussi mérité car il est moins bon, moins fort, moins beau. Ce n'est pour autant pas un mauvais film, juste qu'il manque de moment véritablement mémorables.

Les plus :
_Les Highlands, sujet rare.
_Le film ne s'encombre pas du politiquement correct.
_Film à costume mené avec sérieux
_Le méchant, infect comme il faut

Les moins :
_Un peu long
_Pas franchement un film d'action
_Paysages sous exploités
Dauntless
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le 15 déc. 2011

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