Voici donc un petit film radicalement joyeux qui ne se (ne nous) prend pas une seconde au sérieux et qui vient nous égayer l'hiver en nous plongeant au cœur d'une ville hot, une ville samba : Rio de Janeiro.
Pas d'intrigue soigneusement ficelée, pas de personnages au destin bouleversant : ceux qui aiment le solide, le stable, le structuré, n'y trouveront pas leur compte. Le seul, le vrai sujet de cette comédie de guingois, c’est Rio et tout ici est prétexte à une promenade dans cette ville où chaque boulevard donne sur la plage, le tout rythmé par une bande-son super entrainante. Rio et ses fantasmes, Rio et ses gringos, Rio et ses pobres, Rio et ses ricos, Rio et ses innombrable paires de seins et de fesses éhontément rebondies !
Ce film est foutraque, maladroit, un brin vulgaire mais il amuse, il va donc aborder de front l’attraction des plages, le tourisme sexuel, la chirurgie esthétique, les télénovelas abrutissantes, mais aussi la fracture sociale entre les quartiers, le trafic d’armes et de drogue, le sort des Indiens, les fraudes des ONG. Fidèle à une dynamique surprenante qui mélange séquences de fiction et véritables témoignages face caméra, sans qu’il soit toujours aisé de démêler le vrai du faux, le film oscillera entre le sérieux de ses sujets et la folie douce de son traitement. « Les journaux et les films exploitent l’image des favelas. Ça c’est la réalité, on est pas au cinéma ! ». Le credo de Fischer, truand guidant les touristes au cœur des favelas, apparaît bien ironique au regard du film - car "exploiter l’image des favelas", c’est exactement ce que Rio sex comedy est en train de faire, avec un sens de la distance quasiment guerrier. Le cinéaste avance sur les terrains les plus minés et n’épargne pas grand-monde (à commencer par les Occidentaux et leur fausse bonne conscience), avec comme caution une exigence de légèreté affirmée dès le début, le temps d’une danse aérienne en compagnie de Charlotte Rampling ( classieuse et sexy en diable).
Ce mélange fiction et documentaire sied bien à ce film dont on ne peut s'empêcher de penser en sortant de la salle qu'il est totalement raté. Pourtant, en y repensant quelque temps après l'avoir vu, ce sont les aspects positifs qui en ressortent et cette impression d'avoir passé un bon moment. Vraiment bizarre, ce qui est loin d'être déplaisant...


Rio sex comedy est le chant d’amour drolatique d’un gringo tombé sous le charme d’une ville où les corps sont libres et les âmes tolérantes. Jonathan Nossiter se moque avec tendresse et ironie des clichés et des fantasmes sur le Brésil, qui ont la peau dure ! Mélangeant avec une délicieuse maladresse vraies interviews, vraies virées dans les favelas, vraies candidates pour des seins flambant neufs et fiction sans contrainte, il nous donne beaucoup de Rio, pas mal de Comedy, et un (petit) peu de Sex. Superbe bande son .
Revigorant !

Chicago
6
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le 30 janv. 2016

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Chicago

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