Chef des Necromongers, c’est cool. On baise des putes (4, s’il vous plaît, il a des appétits d’ogre, le bestiau), on bouffe des trucs sombres… Mais on se ramollit. Là où Riddick pressent une attaque de soudards à 10 mètres, il ne calcule pas qu’une des professionnelles de son harem va le backstabber (comme un pied, en plus !). Du coup, il se retrouve en rade sur la jumelle de la planète de Pitch Black. Là, il fait ami-ami (à coups de latte, bien sûr) avec la faune locale et élève un chien (???). Quand il en a marre de jouer à Robinson Crusoé, il appelle un taxi et, devinez quoi, c’est des chasseurs de prime qui débarquent. Que du fun en perspective !


David Twohy avait eu une bonne idée avec Pitch Black. Ce n’était pas le film du siècle, mais il y avait certaines idées comme ces aliens volants allergiques à la lumière et ce wolverine sans griffe avec des yeux de chat. Bien sûr, ce n’était pas réaliste, l’histoire était linéaire, mais il y avait quelques idées sympas. La suite offrait un monde riche et surtout les excellents Necromongers dont le chef promettait une vraie adversité face à Riddick le Barbare. Et la fin, surtout, promettait un troisième volet alléchant.


Bah non. Cette suite arrive 9 ans plus tard, sans budget paraît-il (Riddick a mis des sous de sa poche et l’a produite), mais surtout sans scénario. David Twohy n’a plus qu’une ou deux idées pour ce film-là, et plus aucune inspiration. Du coup, il fout aux chiottes l’énorme potentiel des Chroniques pour faire un remake foireux de Pitch Black. Sérieusement, la planète est elle aussi désertique et lumineuse que l’originale, la faune se limite à des prédateurs qui ont la même gueule alienesque que les trucs volants de Pitch Black et la fin se passe également dans la nuit où personne ne voit rien sauf l’autre tanche. Simplement, ici, Twohy rajoute des chasseurs de prime qu’il n’aime décidément pas.


Si le casting n’est pas mauvais, les personnages sont calamiteux. On a droit à tous les archétypes des années 80, le baratineur fourbe, le paladin droit et con, le mercenaire sans foi ni loi, et, bien sûr, l’hystérique de service qui est même lesbienne pour bien montrer qu’elle est plus forte que tous les mecs. Il y a aussi de la chair à canon à peine personnifiée et enfin le gamin croyant pour incarner l’innocence et montrer ainsi qui est l’équipe qui survivra.


Ensuite, ben le réalisateur s’amuse sur la planète. Si l’idée de la mithridatisation était bonne, elle n’est surtout pas réutilisée à la fin ; ça aurait pu faire une chute potable. Après, on a en vrac : Riddick avec un fémur à cran d’arrêt (je n’invente rien), Riddick qui élève un chien (WTF???), Riddick qui vole (si, si, quand il saute de paroi en paroi, il fait des bonds de 10 m). Riddick se fout de la lumière malgré ses yeux de chat et ne met ses lunettes que quand ça fait classe, il est increvable et d’ailleurs régénère de ses blessures, il a une force de pelleteuse, prédit l’avenir, sort continuellement des punch lines avec une voix caverneuse et se cautérise avec une roche rougeoyante (véridique). Chuck Norris peut aller se rhabiller.


Le scénario (un bien grand mot) est tarte à pleurer, les mercenaires sont lobotomisés et ne tirent jamais sur Riddick, la planète ressemble à un donjon d’ADD tellement y a des monstres, des passages piégés et même pas de trésor, et la pouffiasse pourtant homosexuelle finit même par craquer pour Riddick le tout-puissant. Avec, en prime, la paternalisation du vrai-faux méchant en guise de final. À gerber.


Niveau effets spéciaux, le film avait finalement de la tune. La planète, les bestioles et les effets numériques en général (sauf l’incrustation très laide des motos) sont plutôt bien faits. En revanche, les armes sont des bêtes flingues actuels alors qu’ils avaient été un poil maquillés dans les Chroniques. Idem, les tenues sont des surplus de l’Armée et des armures du Seigneurs des Anneaux portées en vrac.


Rien n’a de sens dans ce film. Le matos apporté (genre le cyclope, c’est des détecteurs avec un bras qui remue), la guéguerre entre mercenaires, le jeu sadique de Riddick avec eux au lieu de se barrer dès qu’il a piqué les machins énergétiques (ou de les dézinguer puisqu’il est invincible), la dramatiquement chiante confrontation sans les armes avec un sniper qui tire des tranquillisants au lieu de désintégrer Riddick, le même Riddick qui dort sous une dalle de 100 tonnes pour faire un flashback dégueulasse, etc., etc.


Les dialogues sont à la hauteur du scénario, avec de l’humour salace sur la seule femme (qui en rajoute des tonnes, ce personnage est un cauchemar), les déclarations sentencieuse de Riddick qui se réalisent parce que le hasard a décidé de lui obéir et la superstition imbécile pour montrer que les mercenaires sont stupides. Quant à la chute, elle nous ramène à la fin du deuxième épisode où finalement Tête-à-claque se retrouve au seuil d’Antéverse avec son ennemi qui l’a précédé à l’intérieur. Il n’était pas nécessaire de faire tout un film pour revenir à ce point.


Riddick est un pur nanard sans scénario, avec des personnages très mauvais (alors que les acteurs sont compétents, voire franchement bons), et dénué du moindre intérêt (sauf la scène de la cautérisation à la Rambo, elle est hilarante). Seuls les dialogues sont funs si on les prend au second degré, mais c’est vraiment long pour quelques réparties débiles. À voir sous anesthésie locale, ou, encore mieux, pas du tout.

OeilDePatrick
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le 30 mars 2024

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