"Répulsion" c'est la chronique "ordinaire" d'une descente aux enfers. Roman Polanski ne joue pas avec nos nerfs, il nous montre de façon clinique le basculement de son héroïne dans la schizophrénie pure. Sa mise en scène émerveille. Sa caméra souvent au plus près de Carol (Catherine Deneuve) et scrute, dans un premier temps, chacun de ses gestes et regards, y compris les plus imperceptibles. Déjà, le gros plan de l’œil de Catherine Deneuve en générique nous fait rentrer dans le sujet. Peu à peu, le film bascule: d'extérieure la caméra en deviendrai presque "subjective". Polanski nous fait pénétrer dans le cerveau malade de Carol, ses obsessions, ses hallucinations et ses peurs. Remarquable, car en recréant ses hallucinations à l'image, il nous montre le calvaire psychique de ce que "pourrait" vivre un(e) schizophrène.
C'est aussi un exercice de style, aux multiples références cinématographiques surréalistes et fantastiques: Bunuel (pour l'oeil "Un chien andalou" et le lapin), Cocteau (la scène du "long" couloir avec de multiples bras qui surgissent du mur pour "La Belle et la bête") ou encore Hitchcock (avec "Psychose", la scène avec le propriétaire de l’appartement). Le film est aussi truffé de symboles psychanalytiques (les fissures, le lapin en décomposition entre autres) qui accompagnent et signifie le césure psychique de Carol.
Le film n'est pas parfait, son rythme est lent, même trop long. Polanski exploite son idée jusqu'au bout, quitte à faire du sur place au milieu du film. C'est grâce au jeu bluffant de Catherine Deneuve (Carol) que le film, en plus de sa mise en scène réussie, m'a permis de passer sur cette faiblesse. Elle est tout bonnement géniale, elle fait corps avec son personnage: ses mimiques, regards fixes et hagards, sa prostration... Elle glace le sang, tout en parvenant à nous attacher à elle. Tout son jeu mérite les louanges. Et cela, avec très peu de dialogues.
Avec ce film, elle devient une star internationale. Et à ne pas s'y tromper, Luis Bunuel l'a choisie pour incarner "Séverine" de "Belle de jour" en voyant ce film qui la consacrera grande actrice tout comme "Tristana".
Quant à Roman Polanski, il n'est qu'au début de son exploration de la folie "schizophrène" avec "Répulsion", il y aura ensuite "Rosemary's baby" et "Le Locataire", eux aussi des chef d’œuvres.

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le 3 mars 2015

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