Reptile
6.4
Reptile

Film de Grant Singer (2023)

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Qu’est-il arrivé à Summer Elswick ? Lardé d’une trentaine de coups de couteau, son corps est retrouvé dans une maison dont elle s’occupait, avec son nouveau compagnon, superstar des agents immobilier, de la vente. S’agit-il d’un tueur en série ? D’un crime crapuleux ? D’un crime passionnel peut-être ? Ce sont Tom Nichols et son co-équipier que l’on met sur l’affaire. Le mari est d’abord suspecté, puis l’ex-mari, puis le voisin bizarre. Pendant une heure, rien de transcendant, ça frôle même l’ennui : on suit, sans réel enthousiasme, une enquête banale sur ce que l’on pense être un crime banal. Et puis la deuxième heure embraye sur un récit qui se complexifie, louvoie, soudain plus tentaculaire (et passionnant, enfin).

Thriller à l’ambiance feutrée, polar qui prend son temps, Reptile dresse surtout, en creux, le portrait noir, très ellroyien, d’une société et d’institutions où plus grand-chose n’a de sens, de valeur. Et parce que tout est pourri au royaume des hommes (sans majuscule). La loyauté, l’amitié, l’amour, rien ne survit à la corruption et aux désillusions. Le personnage de Tom (Benicio Del Toro, charismatique à mort en flic tranquille au regard fatigué, mais acéré quand il faut) en est le témoin direct (et passé), le témoin en plein dedans, que Grant Singer suit dans les entrelacs d’un merdier pas possible, moral et policier, où se multiplie suspects, fausses pistes et zones d’ombre.

Le dernier quart d’heure fait monter la tension, se resserrant sur l’enjeu narratif principal et ses inéluctables conséquences, et on se dit que le film va savoir se terminer en apothéose, nous laisser épaté, groggy pourquoi pas, mais non, ça se dégonfle lors d’une conclusion décevante, mollassonne, pas à la hauteur de ce vers quoi le scénario tendait, de ce qu’il promettait (un règlement de comptes en bonne et due forme). Le vrai atout du film restera finalement le couple formé par Tom et sa femme Judy. Couple complice et amoureux (l’alchimie entre Alicia Silverstone et Del Toro est flagrante, elle crève l’écran), mais qui semble avoir sa part d’opacité (qu’est-il vraiment arrivé à la main de Tom ? Judy le trompe-t-elle ?). Pour le coup, on aimerait bien les revoir, ces deux-là, les revoir dans un film rien que pour (sur) eux et qui explorerait davantage leur histoire et leurs petits secrets.

Article sur SEUIL CRITIQUE(S)

mymp
6
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le 13 oct. 2023

Critique lue 69 fois

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