The Perfect Night

Dans un bar, Sheila flashe méchamment sur Gary et décide de lui offrir un verre. S'ensuit un premier rendez-vous qui s'étale pendant toute une nuit de déambulations dans New York, où ces deux jeunes célibataires établissent une vraie connexion romantique. Surtout, Sheila semble parfaitement bien connaître Gary, anticipant chacun de ses mots et réactions comme si elle était vraiment la voyageuse temporelle qu'elle prétend être avec ses plaisanteries... Et elle l'est effectivement. Grâce à une étonnante machine à remonter dans le temps (clin d'oeil probable à un certain "Hot Tub Time Machine"), Sheila s'est mise à revivre plusieurs fois cette rencontre avec Gary au point de ne plus vouloir quitter ce moment...

Une comédie romantique en mode "Un jour sans fin" ? "Meet Cute" se risque forcément à la comparaison avec "Palm Springs", petite pépite récente dans ce registre de romance SF, ce qui ne joue peut-être pas en sa faveur en termes d'oeuvre véritablement marquante et aboutie même s'il a aussi quelques qualités spécifiques à revendiquer.

En effet, derrière sa première partie légère, très "romcomesque" dans l'esprit, et la progression plutôt drôle des modalités de ses voyages dans le temps qui lui permettent de bien rebondir entre les différentes parties de son récit, "Meet Cute" va préférer s'aventurer dans un registre bien plus dramatique que son jeune aîné, faisant de son héroïne un être si désemparé devant l'avenir qu'elle préfère répéter à l'infini la magie éphémère de sa rencontre avec Gary. Mais, par le biais des déclinaisons de ce même premier rendez-vous sur du long-terme, Sheila va bien sûr, sans s'en rendre compte, vivre toutes les vicissitudes d'une relation amoureuse où la lassitude d'un même quotidien et le fait de vouloir à tout prix changer l'autre selon ses désirs vont se heurter à son bonheur.

Certes, le concept n'est pas le plus bête qu'il soit mais il devient aussi très vite transparent sur ses intentions envers le personnage de Sheila, la poussant à intervenir sur la destinée d'autrui là où, de toute évidence, il y a un travail à effectuer sur elle-même. Malgré les sourires qui s'en dégagent (la réparation des traumas par exemple), les excès de plus en plus égocentriques de Sheila ont aussi pour conséquence de ronger le capital-sympathie que l'on pouvait avoir pour le personnage, son aveuglement sur ses propres actes frôlant trop souvent le point de non-retour à ce niveau.

Heureusement, les efforts de Kaley Cuoco, très convaincante dans un registre tragi-comique, porteront leurs fruits pour rester attaché à Sheila, notamment dans une dernière partie plutôt bien pensée et touchante via sa manière d'établir des connexions temporelles susceptibles de lui faire enfin saisir une main extérieure qui pourrait l'aider à avancer.

Peut-être pas assez consistant et constant sur ces points forts pour vraiment bouleverser nos petits coeurs sur la durée, "Meet Cute" aura néanmoins su le faire battre un peu plus fort à quelques moments de sa découverte. Comme un premier rendez-vous agréable mais auquel il a manqué la fameuse étincelle pour en envisager un deuxième.