10 ans déjà que John Rambo élève des chevaux dans son ranch Texan où il sauve occasionnellement de pauvres randonneurs égarés. Son temps libre, il le passe à creuser des galeries souterraines aussi sinueuses que sa psyché tourmentée. Y avait-il vraiment besoin de donner une suite à ce grand héros américain ? Rien n’est moins sûr même si la tournure politique pro-Trumpiste que prend ce cinquième volet nous permet déjà de nous faire une opinion à ce sujet. Rambo radote d’ailleurs un peu trop, quoi de plus normal à plus de 70 ballais, et quant on vieillit, on a tendance à virer très à droite surtout quand sa fille de substitution se fait violer, droguer et assassiner par des pendejo cocaïnés. Cela peut même carrément virer au conflit racial et donner envie à un fou furieux comme lui de s’emparer d’un couteau pour énucléer quelques latinos. Le plus surprenant réside sûrement dans l’accueil assez violent que va recevoir Rambo à son arrivée dans ce cloaque à ciel ouvert. Le Mexique semble tout droit sortir de l’imaginaire d’un journaliste de chez Fox News, la ville est l’incarnation même de la décadence : drogue, crimes, prostitutions et corruption tout ça sous la houlette du cartel et des autorités. John va s’y confronter tel un justicier dans la ville et pourtant c’est bien lui qui va se faire maltraiter et finir à demi-comateux dans le creux d’un caniveau. On avait connu Stallone plus en forme, et le voir agoniser comme ça dans une sombre ruelle nous fait quand même assez pitié surtout après ses adieux dans Creed 2.


Mais la vengeance est un plat républicain qui se cuisine avec une carte d’adhérent à la NRA et tout un arsenal de guerre pour faire du jus de tabasco avec des hordes de Sicarios. Rambo a toujours été un héros de son temps, quoi de plus normal qu’il ne soit désormais plus que le reflet d’un survivaliste fou prêt à tout faire exploser chez lui pour décimer le plus de mexicains possible avec des fatality d’une cruauté jubilatoire. Tout ce qui précède s’avère finalement assez artificiel et vise surtout à équarrir du narcotrafiquant dans une souricière truffés de pièges sournoisement disséminés et ça tombe bien, puisqu’on adore ça. Cet à dire que de voir Rambo défoncer des crânes au marteau, asséner de violent coup de couteau dans des foires d’empoignade et de corps à corps brutaux, déchiqueter des corps en balançant de la chevrotine à bout portant, couper des têtes et des pieds à la machette, décocher des flèches et arracher le coeur encore palpitant d’un méchant a cet effet thérapeutique sur les bisseux dans notre genre. De toute façon il faudra se contenter de cet épilogue pour ce qu’il est, un authentique home invasion pour vigilante, du genre Maman j’ai raté l’avion version adulte non censuré avec une brutalité sans commune mesure.


Alors, j’entends déjà arriver les complaintes sur l’utilité d’ajouter une suite à son pedigree et bien je vous répondrai de ne pas vous faire de mauvais sang, parce que Rambo Last Blood ne manque pas de cojones et encore moins de jugeote, puisqu’il est toujours question des troubles mentaux du héros qui passe son temps à forger des couteaux et à tenter de canaliser un stress post-trauma qui lui colle au bandana. Le film est ténu, et se tient parfaitement dans la saga dont les suites n’étaient déjà que des prétextes à ressusciter Rambo afin de laisser exprimer sa frénésie guerrière, parce que ce dernier n’est jamais aussi fascinant que lorsqu’il exprime toute sa bestialité. De plus, il devient moins courant de voir autant de gore fût-il numérique dans les actionner de notre temps. En cela, le film est permissif voir même transgressif, ce qui suffit amplement à emporter l’adhésion des gens comme moi. Certes, cela ne lui ramènera peut-être pas sa fille, mais le fait de débarrasser son pays de vermines et de parasites dans ce genre là lui permettra certainement de se trouver de nouveaux copains parmi les milices de l’UCP. Des massacres, toujours plus de massacres, ça s'arrêtera où John ?

Le-Roy-du-Bis
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le 9 août 2023

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