Et voici donc les suites qui ont fait la réputation de la saga Rambo, jusqu'à déteindre sur le premier. Rambo 2 : La mission est sorti en 1985, réalisé par George Pan Cosmatos. Et cette fois y'a pas à tortiller du cul pour chier droit, la musique d'ouverture est militaire est guerrière, le film va nous le confirmer : On est bien au milieu des années 80, où John Rambo côtoie Rocky IV et où Schwarzenegger est un mercenaire dans Commando ou Predator.
(Il y a quelques spoilers) Ouverture, explosion. Rambo bosse dans une carrière. Lui qui voulait du boulot à tout prix dans le film précédent, il est servi. Manque de chance, on n'a pas précisé aux figurants qu'il fallait avoir l'air convaincants et ils cassent des cailloux avec une mollesse que ne renierai pas François Hollande. En tout cas, un jour, son vieux compagnon, le colonel Trautman, vient rendre visite à Rambo, il a une mission à lui proposer, une mission top-secrète en extrême orient. Il faut dire que le nom de Rambo est sorti de l'ordinateur parmi les 3 capables de remplir la mission. Et si leur ordinateur dernier cri de 1985 l'a dit alors...
Rambo est libéré, emmené dans une base militaire où le chef, Murdock, le met au parfum de la situation. Il lui faut retourner en plein Viet-Nâm voir s'il ne trouve pas des prisonniers de guerre de leur beau pays, comme dirait le générique de Tom Sawyer « l’Amérique, le symbole de la liberté ». Rambo s'est évadé de ce camp en 1971, il est donc le mieux placé pour ça. Et ils avaient besoin d'un Amstrad CPC pour trouver ça. Car oui, leurs ordinateurs perfectionnés on les voit, ils sont effectivement très beaux, et leur encombrement minimum, ils ne font que la taille d'une armoire normande.
Murdock doute quand même un peu de John mais Trautman le rassure : « Ce que vous appelez l'enfer, il appelle ça chez lui » ce genre de phrases chocs dont on avait eu un aperçu dans le premier va devenir monnaie courante. C'est surtout une bonne accroche pour la bande annonce et pour que Rambo ait l'air plus redoutable. En tout cas, le voilà largué en pleine jungle. Il retrouve son contact sur place, une jeune Viet-Nâmienne, destinée à devenir l'intrigue amoureuse inutile. En bateau sur un fleuve, elle parle de son pays, lui de l'Amérique et de la manière dont on l'a traité. Le discours du premier épisode bégaye un peu, mais d'un point de vue narratif, ce sera encore la scène la plus intéressante du film.
Car notons qu'à peine balancé en pleine jungle, Rambo est déjà pratiquement lâché par la hiérarchie à cause d'un souci technique lors du largage. En même temps Rambo qui est censé juste voir s'il y a des prisonniers et non pas agir pour eux le cas échéant, décide de s'infiltrer, tuer tous les gredins et libérer tous les prisonniers lui-même. Il s'enfuit bientôt avec un otage tandis qu'environ 8 millions de soldats le poursuivent sans réussir à le toucher une fois. Mais il n'atteignent pas l'hélico : Murdock aux USA annule la mission car pour l'image des USA, Rambo n'était pas censé trouver de prisonniers. Bon et bien sûr, les soldats Vietnamiens à terre ne penseraient pas à tirer sur l'hélico, pas possible, y'a le colonel Trautman dedans, c'est un gentil.
Rambo va donc être torturé pour qu'il donne ses infos. D'ordinaire je ne suis pas doué pour les erreurs de raccord, mais là, le manque de continuité est flagrant : Dans le premier épisode, il était couvert de cicatrices dans le dos, ici, il est tout joli son dos. Ah oui, et notons que sur place, le chef des méchants camps de prisonniers est... russe. Bien sûr, pourquoi pas ? Libéré grâce à sa copine, John flingue tout le monde, mais à peine à t-il le temps de lui rouler un patin qu'elle se fait flinguer et meurt tragiquement dans ses bras, dans une scène grandiloquente. C'est à ce moment là, la première fois que je l'avais vu en 2007, que le film m'a perdu. La scène est ridicule et la suite ne va rien arranger. Car globalement les codes de ce film manquent dramatiquement de finesse.
Quelques instants plus tard, changement de registre, musique vengeresse, montage à la scie, et nous voilà parti pour la revanche de Rambo contre : Les viet qui ont fait ça à sa meuf, l'autre russe, Murdock qui l'a trahi, le pilote de l'hélico, l’Amérique... ouais, le monde entier sauf son pote Trautman en fait. Monté dans l'hélico qui est revenu, il bat le gros méchant qui s'y trouve, bombarde tout les camps de prisonniers, récupère ces derniers comme dans le jeu vidéo Shoplifter, puis revient aux USA flinguer les Amstrad CPC et présenter ses respects à Murdock.
Il est désormais libre et se fend de son petit speech final bien moins marquant et plus cliché que dans le premier. Rambo 2 est donc plutôt décevant. Vouloir passer au divertissement pur en délaissant le côté serieux du premier épisode, pourquoi pas, c'est une démarche comme une autre. Mais cet épisode est-il vraiment divertissant ? Et bien, pas sûr. Il l'est, oui, mais j'avoue avoir été plus pris par les enjeux du premier, d'autant que la succession de clichés vue ici et la prévisibilité du film n'aide pas à se sentir pleinement investi. Ce volet là est au moins un peu sauvé par une vraie critique des USA, à l'instar du premier.