Quand le titre d'un film s'inscrit en flammes incandescentes, il est peu probable qu'il fasse dans la dentelle. Oubliez donc la vision critique et désenchantée de First Blood, et laissez vous envahir par l'esprit revanchard de cette suite, scénarisée par un jeune James Cameron avant que Sylvester Stallone ne vienne le remanier. Un Stallone roi du box-office (avec un Schwarzy lui collant au cul) et complètement bouffé par son égo, qui décide d'offrir à une Amérique reaganienne toute puissante une catharsis décomplexée.


Vidé de toute substance, le personnage autrefois tragique et meurtri de John Rambo, symbole d'une Amérique traitant ses vétérans comme de la merde, est transformé ici en porte-étendard d'une armée omnipotente et prête à refaire l'histoire. Le film tente bien entendu de conserver un peu du message initial en tapant sur un gouvernement corrompu (https://www.youtube.com/watch?v=uZbY5KEGm34) mais le fait avec une telle maladresse, une telle naïveté que cela fini par renforcer l'aspect patriotique de l'entreprise.


Neuneu dans son fond, Rambo 2: La mission (quel titre français !) n'est finalement qu'un cousin friqué de Portés disparus, en plus fun et plus professionnel. Car il faut bien l'avouer, le film de George P. Cosmatos (qui retrouvera l'année suivante Sly pour l'improbable Cobra), reste un délire régressif plutôt sympa quand il se décide à faire parler la poudre.


Pas trop mal torché et bénéficiant d'une superbe photo et des paysages naturels du Mexique, sans oublier la bande son de Jerry Goldsmith, Rambo 2 procure un certain plaisir presque malsain, flattant nos instants les plus bas en nous montrant un Sly tous muscles bandés et arborant fièrement un micro-débardeur à faire rougir Lova Moore, faisant tout péter sur son passage et dégommant à lui seul toute une armada de cocos.


Dénaturant le propos de First Blood, cette suite est sans commune mesure complètement con et idéologiquement limite. Mais comme beaucoup de films de Stallone de cette période, elle est aussi sacrément drôle vue au second degré. Et impossible de revoir ce film sans penser immédiatement à ça: https://www.youtube.com/watch?v=0g65CTqHL9o

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le 5 juil. 2015

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Gand-Alf

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