Ralph 2.0
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Ralph 2.0

Long-métrage d'animation de Rich Moore et Phil Johnston (2018)

Très très haut dépit et basse résolution

En ce début d'année 2019, le masqué se pose pas mal de questions. En forme de crise existentielle, comme celle qui secoue de manière assez niaise la petite (et parfois insupportable) Vanellope :


Pourquoi, en effet, est-il si prévisible quand il encense Bienvenue à Marwenn, La Mule ou encore Dragons 3 : Le Monde Caché ?


Pourquoi fait-il comme les peine-à-jouir qui le révulsent en tirant sur des ambulances comme Qu'est ce qu'on a encore fait au bon Dieu ?


Et enfin, pourquoi se croit-il obligé de faire le poseur en disant du bien de Border ?


Ou de se montrer trop contre culturel en descendant l'imparable Glass ou les trucs super attendus comme ce Ralph 2.0 ?


Mais quel connard, celui-là, finalement !


Behind_the_Mask, en 2019, il est devenu peu sûr de lui, comme le Ralph nouvelle version, car il a l'impression d'émuler des comportements qui, chez les autres, le font parfois grincer des dents, en jurant et en utilisant des noms d'oiseaux tels que celui qu'il a cité un peu plus haut.


Tout cela pour dire que Ralph 2.0, il n'allait pas être, a priori, super client, parce que Les Mondes de Ralph, il avait trouvé cela, au fond, assez bof. Car le film passait tout simplement à côté de son sujet. Mais un peu de dérision, d'illustrations du village internet et un plan avec l'ensemble des princesses Disney réunies avaient réussi à le rendre curieux.


Sauf que Ralph 2.0, c'est son aîné avec sept ans de plus. Souffrant des mêmes tares, des mêmes paresses, et aggravé de lourdeurs encore plus pesantes et d'un cynisme parfois hallucinant.


Car, pour quelques fulgurances dans la peinture des comportements les plus imbéciles du village mondial, certaines trouvailles parfois bien vues et un rebond final qui promettait beaucoup avant de se dégonfler, il faudra tout d'abord se coltiner des dialogues d'une niaiserie à pleurer et d'une incroyable lourdeur. Comme si Disney, en orientant Ralph 2.0 vers le jeune public, semblait s'adresser, quand il assène sa morale comme un casseur un parpaing à la tête d'un flic en marge d'une manif de gilets jaunes, à un public de demeurés.


Comme quand il vulgarise l'internet dans un second temps, après avoir présenté le ressort principal de son intrigue prétexte, en orientant son propos, cette fois-ci, à destination de Mamie Lucette et du vieux René qui n'y comprend pas grand chose, pas même quand on lui met dans les mains son Ordissimo V3 acheté à grands frais via le Téléshopping ou une publicité papier de l'enseigne Auchan.


Et quand Disney propose sa vision du domaine, il y a de quoi tomber à la renverse, tant le matraquage publicitaire confine à la spéculation sur la valeur de votre temps de cerveau disponible. Et là, on ne peut penser qu'à une chose : Ready Player One.


Les pisse-froids vont me voir venir de loin, mais quand même, là où Spielberg, en un seul plan, brossait le panorama de l'ensemble des icônes de la culture et des références pop pour déplorer le manque d'imagination du paysage actuel, Ralph 2.0 en reste, quant à lui, à l'étalage béat des grands noms, des GAFA, des sites et réseaux sociaux les plus populaires. Tout cela, sans aucun doute, contre monnaie sonnante et trébuchante, sans aucun recul ni analyse de leur impact.


Citations où bien sûr, Disney se réserve la part du lion. Car on n'est jamais aussi bien servi que par soi-même. Et là, il n'est pas interdit de rester pantois devant tant de cynisme, de premier degré et d'absence de réflexions quant aux symboles utilisés.


Car au premier coup d'oeil, c'est sûr que c'est super cool, par exemple, de voir toutes les princesses Disney dans un seul plan. C'est peut être fun de se moquer d'elles en les présentant tour à tour comme bêtasses, folles ou carrément psychopathes. Et il faut bien, c'est connu, se moquer un peu de soi-même et des poncifs que l'on véhicule. Soit, le masqué n'y voit aucun inconvénient...


Sauf que saloper son univers, faire des amalgames ou dénoncer des tics pour mieux les réutiliser, dans leur intégralité, quelques minutes plus tard a de quoi laisser sceptique. Au mieux... Car on peut se demander, à titre d'exemple, ce que vient faire Merida dans ce salon, elle qui ne répond à aucun des canons de la princesse classique. Et l'on se rend compte du cynisme imbécile de Disney, qui, pour l'apparition d'un guest, fait preuve d'une incompréhension totale de son passé et de ses propres aspirations, qui remontent pourtant à seulement sept ans...


Mais ce qui est le plus révoltant, c'est ce racisme à peine voilé dont Merida est, finalement, la victime, à cause de son accent écossais jugé incompréhensible, comme lorsque Mélenchon avait oublié de régler son sonotone sur l'accent toulousain. Ainsi, par un trait d'humour crétin, le monde Disney, subitement plus très innocent, se fissure déjà en dévoilant sa basse résolution mercantile, en donnant à bouffer à son public du fan service idiot et de la référence totalement hors sujet. Autre symptôme de cette légèreté coupable parfois révulsante : cette apparition des troopers de Star Wars, dépeignant Mickey, dans un lapsus révélateur et meurtrier, comme un Empire à la fois totalitaire et faussement progressiste.


Ralph 2.0, à l'issue de cette incroyable escapade, trouble donc de plus en plus son (absence de ) message, ne retrouvant le nord qu'en abordant la thématique de l'amitié étranglée que de manière totalement niaise et lourde. Soit en s'illustrant dans l'un de ses pires travers.


Ready Player One est donc bien loin, même si cette dernière remarque fera certainement hurler les puristes du bon goût acceptable. Tant pis. Car Ralph 2.0 est paresseux. Ralph 2.0 s'écroule sous son propre poids de véhicule à références publicitaires et d'exaltation de l'univers de son créateur tout à coup étrangement étriqué. Ralph 2.0 radote, tant il n'a, rapidement, plus grand chose à raconter, et se montre pesant dans ses thématiques.


Surtout sur le terrain de l'amitié contrariée, en mode rabâchage de bons sentiments, de trahisons momentanées et de brouilles vites oubliées. Alors même qu'on avait connu Disney bien plus inspiré, dans un truc sous estimé et parfois dédaigné dont j'ai du mal à me rappeler le nom...


Ah si, cela me revient, cela s'appelait Rox et Rouky.


Et en ce début d'année 2019, quand on se souvient que Dragons 3 : Le Monde Caché avait abordé ce sujet de manière bien plus subtile et touchante, il n'est pas interdit de se dire que Ralph 2.0 rate assez méchamment le coche.


Behind_Tu veux être mon ami ?_the_Mask

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le 14 févr. 2019

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