Raï
4.5
Raï

Film de Thomas Gilou (1995)

Affublé d'une moyenne beaucoup plus médiocre que ce à quoi je m'attendais, Raï faisait partie à l'époque du trio des longs-métrages français traitant des "cités", en compagnie de La Haine et de Ma 6-T va Crack-er...


Et s'il souffre clairement de quelques très gros défauts, son aspect humoristique particulièrement réussi, de mon point de vue, offrait une sorte de respiration à ce genre nouveau. Après, son scénario et sa trame n'évoluent guère, quoique plus axés sur les rapports familiaux et amoureux : l'histoire d'un camé ne pouvant rembourser sa dette, celle de son petit frère amoureux d'une bombasse obligée à la vertu, et celle du petit frère de cette dernière la chaperonnant pire que M'dame De Fontenay... Leur famille et le quartier gravitant autour de ces quatre personnages principaux.


Raï s'ouvre sur une bande de trois mecs (dont le petit frère chaperon) entubant deux auto-stoppeurs... Ces mecs n'ont rien de petits saints, et ont même une certaine tendance à la petite violence et au sexisme ; n'empêche que le réalisateur Thomas Gilou arrive à nous les rendre sympathiques, et même amusants. Le gros dur de la bande a même tendance à zozoter : tout un symbole. Mais le plus étonnant de tous, c'est bien le toxico incarné par un Samy Naceri qui n'a jamais été aussi juste (la seule fois probablement). Je l'ai toujours trouvé excellent dans ce film ; et ses délires sur, et avec son pote Poisson (un pauvre type), fonctionnent toujours autant. Un rôle très drôle, mais aussi tragique...


A contrario, quasiment tout ce qui tourne autour du rôle de Tabatha Cash - ex-mégastar du porno pour les plus jeunes - fait vraiment putassier ; un peu comme si le réal cherchait tous les prétextes possibles afin de la foutre à poil (deux fois), même si d'un autre côté, le rinçage oculaire donne très envie de creuser plus profondément la filmographie de la bombe ! ^^ Et ce d'autant plus qu'il abuse sur d'autres scènes pas franchement crédibles (au ciné, l'agression sur Paris, la lenteur des keufs, etc.). Enfin, la psychologie du personnage de la miss à forte poitrine, qui en a marre de sa condition, et qui fait tout pour emmerder son monde, manque énormément de subtilité...


En revanche, j'aime beaucoup le dernier 1/4 d'heure : les deux frérots parviennent vraiment à faire passer les émotions au sujet de leur parcours familial et de la déchéance de l'aîné. La morale de l'histoire me paraît bien trouvée également. Et si Raï s'avère donc très inégal, je trouve néanmoins qu'il y a un certain plaisir à le mater, au moins pour les performances de Samy Naceri et du petit frère de "Tabatha" - tous les deux très drôles - même si les autres acteurs ne font pas tous le poids...


De bonnes répliques.


6,5/10

RimbaudWarrior
6
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le 14 avr. 2016

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RimbaudWarrior

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