Radio Rebels
6.1
Radio Rebels

Film de Michael Lehmann (1994)

Ayant acquis au fil des années un petit statut de film culte, Radio Rebels est ce genre de bobine pas prise de tête qui fait du bien par où elle passe. Pour peu que vous soyez comme moi un amateur de musique qui fait du bruit, qui fait sauter, et qui fait tournoyer les cheveux, alors il y a fort à parier que ce petit film sentant bon les années 90 est pour vous. Surtout que des films ayant pour thème la musique métal, il n’y en a pas des masses. Il y a bien entendu Spinal Tap, dont je vous ai parlé il y a quelques mois, bien entendu les Wayne’s World, Rock Academy ou encore Tenacious D in the Pick of Destiny, voire Pop Redemption chez nous. Mais il faut avouer qu’on a vite fait le tour à moins d’aller fouiller dans des productions obscures des années 80. Donc ce Radio Rebels tombe à pic, d’autant plus qu’il met en scène un casting trois étoiles et qu’il nous propose une bande son d‘enfer !


Michael Lehmann n’est pas le réalisateur américain le plus connu, clairement. Pourtant, dès ses débuts dans les années 80, il a marqué un grand coup avec Heathers (1989), Fatal Games chez nous, bobine qui a rapidement trouvé son public qui lui a voué une sorte de culte. Après un Rencontrez les Applegates (1990) bien plus mitigé, on lui confie la mise en scène de Hudson Hawk : Gentleman & Cambrioleur avec Bruce Willis. Nous en parlions récemment, ce film qui avait tout pour être un succès au box-office se plante méchamment, mettant la carrière de son réalisateur en danger. Ce dernier continuera dans les années 90 avec des plus petits films, au budget moindre et sans forcément de grosses têtes d’affiches. On pourra citer Entre Chiens et Chats (1996) avec Uma Thurman, My Giant (1998) avec Billy Crystal, ou encore le teen movie 40 Jours et 40 Nuits avec Josh Hartnett. A partir du milieu des années 2000 et jusqu’à nos jours, Lehmann se réfugie à la télévision et signe des épisodes d’un nombre incalculable de séries (Dexter, Veronica Mars, The Terror, True Blood, …).
Mais revenons à nos moutons. Au début des années 90, Wayne’s World est un carton alors que le heavy métal est clairement en perte de vitesse sur les ondes. Preuve s’il en est que la communauté adepte de ce genre de musique est encore et toujours là à l’heure où les Guns et autres Mötley Crüe occupent moins l’espace FM. Michael Lehmann va mettre en boîte ce qui ressemblerait le plus à un croisement improbable entre Wayne’s World, pour la musique et ses personnages bien crétinoïdes, et Die Hard qu’il parodie ouvertement (le mec dans les tuyaux d’aération par exemple, la prise d’otage, …) dans sa deuxième partie, le tout sur fond de satire de l’industrie musicale de l’époque qui, déjà, produisait tout et n’importe quoi, même des trucs bien à chier, tant que ça allait leur rapporter un maximum de pognon pendant que des petits groupes galéraient pour ne serait ce qu’essayer d’exister.


Radio Rebels réunit une tripotée d’acteurs qui à l’époque étaient encore quasi inconnus, excepté Steve Buscemi qui avait déjà fait ses armes sur pas mal de bobines dont le Reservoir Dogs de Tarantino ou The King of New York de Abel Ferrara. Mais citons par exemple Brendan Fraser qui n’avait pas encore été révélé par Georges de la Jungle et surtout La Momie ; un tout jeune Adam Sandler qui deviendra par la suite le roi de la comédie à la con ; ou encore David Arquette que le succès planétaire de Scream fera découvrir au monde entier. Le casting dans son ensemble s’amuse à fond les ballons. On a même parfois l’impression d’être devant un film de potes tant l’alchimie entre les personnages est palpable. Voir nos trois joyeux crétins adeptes de musique métal prendre en otage des personnes dans une station de radio, armés de mitraillettes à eau (remplies de sauce piquante pour faire mal aux yeux), et voir la situation dégénérer a un petit côté savoureux car Radio Rebels est un film extrêmement généreux. Généreux dans son avalanche de gags, certes pas tous très réussis mais qui font souvent mouche. Généreux dans ses dialogues complètement improbables et souvent très bien écrits. Généreux par sa bande son très métal et ses nombreuses références à ce style de musique, aussi bien par les musiques elles-mêmes (citons du Motörhead, Anthrax, Aerosmith, House of Pain, The Ramones, Primus, …) que ses clins d’œil au genre (On y voit White Zombie en concert, Lemmy de Motörhead fait un cameo, le pantalon léopard qui renvoie au groupe Pantera, on aperçoit l’affiche de l’album Smash de Offspring, …). Généreux dans ce qu’il propose dans son ensemble, avec un rythme souvent effréné avec des situations rocambolesques qui vont s’enchainer, des numéros d’acteurs parfois à mourir de rire. Généreux par son ambiance au final très bon enfant, avec ces loosers attachants et cet entrain qu’ils vont amener au film. Oui, on passe un bon moment devant Radio Rebels. On ne rit que rarement aux éclats, mais on parcourt le film avec un énorme plaisir un grand sourire aux lèvres.


Radio Rebels est une comédie déjantée dans le pur style des années 90. Le casting est talentueux, les 1h30 défilent à une vitesse folle, et on embarque avec un énorme plaisir dans cette histoire loufoque qui mise tout sur la bonne humeur.


Critique originale avec images et anecdotes : ICI

cherycok
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le 10 mars 2021

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