D'un bout à l'autre

Le sentiment vertigineux est le grand moteur de Raccrochez, c'est une erreur ! signé Anatole Litvak. Il trouve sa force dans une introspection des souvenirs imbriqués et une redéfinition de l'espace grâce à la ligne téléphonique. Ainsi, c'est autant l'espace que le temps qui permettent de dépoussiérer un mystère qui s'ouvre par quelques dialogues au bout du fil. Un mystère qui se dévoile et se résout de plus en ne bougeant pas du lit ! C'est comme cela qu'Anatole Litvak agence son thriller. Et même si l'écriture laisse parfois à désirer, entre la surprise d'aveux fondamentaux bien trop rapide (Ewans) ou d'autres scènes manquants de poigne, Litvak l'a camoufle par une mise en scène superbe qui elle-aussi vient parfois jouer - au même titre que la conversation téléphonique - sur la notion de réseaux : passer d'une place à l'autre en un plan, balayant ainsi l'espace et captant toute la tension du lieu et de la scène. Je pense bien évidement à cette scène finale très hitchcockienne et qui vient offrir quelques minutes de pure tension concluant tout ce réseau de flash-backs, de conversations et de mystères pour enfin venir atteindre le lit. Comme un symbole en haut de la montagne - en haut de l'immeuble - et qui fût l'œil primaire de toute cette histoire !