Retour à la réalité

Un film intelligemment construit. L'introduction est remplie de tension, où l'on y suit une femme supposément agressée par un homme. La situation manque surtout de contexte, cela permet d'ajouter du mystère et de l'ambiguïté.

Mais l'intérêt du film ne se situe pas vraiment dans cette introduction, qui reste finalement assez courte, mais des conséquences sur nos personnages. Notamment, la standardiste de la police, Anna, jouée par Veerle Baetens (qui a d'ailleurs réalisé son premier film cette année : "Débâcle", qui est aussi l'un des meilleurs de cette année). Elle est un personnage clé de l'affaire, mais en sera évincée assez rapidement, et même sa vie semble être contée de manière assez floue, comme si elle était aussi étrangère au film. Le dialogue qui sera le plus édifiant à son égard, est probablement celui qu'elle a dans la voiture avec son fils ("J'ai pas aimé mes 14 ans").

Il y a aussi évidemment le personnage de la victime, Aly, jouée par Selma Alaoui. Qui va se retrouver face à un manque de considération face à la police, qui remet en question chacune de ses déclarations, et face la justice, bien trop lente et peu probante. Le retour à la "réalité" est assez bizarre, elle doit reprendre sa vie comme si de rien n'était, ce qui crée un certain malaise.

Et également, le personnage du coupable, Dary, joué par Guillaume Duhesme. C'est sûrement lui qui va participer à rendre flou l'affaire, en relativisant et minimisant ses actes. Nous n'avons aucun moyen de vérifier, donc c'est parole contre parole. Même si le film cherche à comprendre ce personnage, d'une certaine manière, il n'est pas nécessairement épargné, notamment par la dernière phrase du film ("C'est pas acceptable que tu saches pas").

Pour ce qui est du reste, on retrouve Anne Dorval, qu'on ne voit que trop peu, dans le rôle de la mère du coupable, ou encore Tom Hanks ?? Ah non, c'est juste sa voix française, Jean-Philippe Puymartin, c'est fou non ?

Bref, un film que j'ai trouvé vraiment réussi, qui plutôt que de parler d'agression, on y parle des traumas sous-jacents, de la justice inadéquate, et du non-dit qui empoisonne. Le tout se construit intelligemment devant nous. Une sorte de film énigme où on cherche la vérité, que ce soit dans les actes ou les sentiments.

(Vu le 20 avril 2024 au cinéma)