Elle offre dès l'introduction son visage plein de larmes et il ne sera finalement question que de cela : sa détresse à elle.


Elle, c'est Elizabeth Moss, qui livre ici une performance éblouissante de justesse. Je ne la connaissais pas du tout : c'est une révélation.


Voilà donc cette jeune femme qui part avec sa meilleure amie et le mec de celle ci dans un petit châlet reculé pour s'y ressourcer après une rupture douloureuse. Très vite on sent bien que malgré les couleurs solaires, le joli décor bucolique en bord de lac - quelque chose cloche. La musique nous annonce une discordance, des notes cacophoniques, désagréables, enrobent des moments anodins, laissant penser que les apparences sont sans doute trompeuses.


Le montage de Queen of earth fait alterner présent et passé, ce qui nous permet de comprendre la relation d'amitié forte qui unit les deux femmes (instants de confidence qui installent une connivence très intime entre elles - même si un peu cliché. Non les nanas ne passent pas leur temps allongées sur un lit à glousser ou à raconter leur vie.. enfin, je crois ! ).


Puis lentement, c'est le regard de Catherine qui dérape, qui reflète bien ce lent glissement mental qui dépasse sa volonté - un long mal intérieur qui la ronge à petit feu.


Le jeu de cette actrice est époustouflant et, par instants, n'a pas grand chose à envier au Nicholson de Shining. Le film fait lentement monter l'angoisse et le mystère sur les intentions de cette jeune femme perdue qui ne parvient plus à regagner les rives de la raison.


La photographie sert parfaitement le propos en installant peu à peu une atmosphère nocturne très stressante, parfaitement réussie. Le scénario se resserre comme un étau à mesure que les frontières se brouillent entre raison et folie.


Il faut voir la détresse des proches, leur regard qui ne comprend plus rien, qui ne trouvent plus aucune aspérité à laquelle se raccrocher pour tenter de ramener Catherine dans la réalité.


Un film étonnant, singulier dans le thème qu'il aborde et brillant dans sa façon d'en parler, esthétiquement abouti et qui offre à l'actrice principale un rôle puissant et ténébreux.


A ne pas manquer !

BrunePlatine
8
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le 15 sept. 2016

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