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Ce qui est touchant avec le cinéma de Jay Rosenblatt c'est d'être aussi personnel, tout en arrivant à toucher à l'universel. Ici il s'attarde sur un épisode de son enfance, déjà plus ou moins évoqué dans un de ses premiers films : The Smell of burning ants, lorsqu'il a participé à brutaliser un garçon de sa classe pour une raison idiote, qu'il n'explique pas encore aujourd'hui.


En faisant ça il interroge forcément le fait de se souvenir, de quoi on se souvient, de quoi choisit-on de se souvenir ? Mais aussi (et surtout) sur ce qui pousse les enfants à cibler le plus faible pour lui mettre la misère. On sent que Rosenblatt porte une lourde culpabilité par rapport à cet événement, comment il a pu rester là, participer avec les autres à ça, sans oser dire d'arrêter. Comment tout le monde a pu rester inactif et laisser faire ?


Pour ça il va mélanger des images tournées pour le film, des séquences d'animation avec les photos de classe de ses camarades et comme à son habitude des images qui semblent tout droit sortir d'une bibliothèque d'images. L'animation est réussie et participe à l'ambiance du film et à reconstituer les événements...


En tous cas il va plus loin que James Gray et son Armageddon Time, puisque lui ne se place pas du côté des gentils, du côté de ceux qui savent faire la part entre le bien et le mal, non là Jay Rosenblatt sait qu'à l'époque il a été incapable de discerner ce qu'il fallait faire, qu'il a été lâche et qu'il a participer. C'est ce qui rend le tout encore plus tragique, on a tous fait des choses que l'on regrette pris dans un mouvement de foule, on a tous été faible face à la foule et agit avec elle sans savoir dire non et c'est effrayant.


Bref, il n'y a pas une volonté pour lui de se sentir meilleur que les autres, d'ailleurs à la fin il se rend même compte qu'il ne s'était pas demandé ce penserait ce garçon harcelé de ce projet de film.


En tous cas cette histoire est malheureusement banale, leur prof ne s'en souvenait même pas, parce que ça ne l'a pas touchée. On ne se souvient de ces histoires seulement si elles nous concernent. D'ailleurs les élèves avaient eux-mêmes quasiment oubliés eux-aussi ce qui c'était passé ce jour là.


J'aime lorsqu'on interroge les limites de la mémoire, on ne se souvient jamais vraiment et lorsqu'on se souvient on ne veut pas forcément dire ce dont on se souvient.

En tous, difficile de ne pas être ému par cette introspection, ce retour en arrière et surtout la tristesse de se rendre compte que certains de ses camarades de classes sont déjà morts.


La mémoire et le temps ne nous veulent pas nécessaire du bien.

Moizi
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le 14 mars 2023

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