Sur Facebook, je suis abonné à des pages du style "I love the monster" ou "Wonder woman zombie", des noms comme ça, qui proposent chaque jour pleins d'images déviantes, drôles et horrifiques. C'est comme ça que j'ai découvert un dessin sur lequel était simplement inscrit "Psychos in love" et sur lequel on voyait un couple de mariés tuer des gens en même temps qu'ils s'embrassent.
Après une recherche sur google, j'ai découvert que c'était un film. J'ai consulté la fiche IMDb, et le nom du réalisateur, Gorman Bechard, me disait quelque chose. En fait j'ai déjà un de ses films en VHS, "Cemetery high", je m'étais renseigné dessus un jour que je voulais apporter la cassette à une soirée, et j'avais vu sur IMDb que le réalisateur lui-même démontait son film ! Apparemment rien ne s'était passé comme prévu sur le tournage de celui-ci.
Par contre, "Psychos in love" semblait avoir un certain nombres de followers, que je voyais réclamer une sortie en DVD sur les forums d'IMDb.
EDIT : OMG, Gorman Bechard est aussi le réal de "Telephone killer" ! Voulais trop le voir, quand j'avais lu la chronique de nanarland.
"An original made-for-video feature" nous assure la cover de la VHS… comme si c’était un gage de qualité.
En tout cas, c’est sûrement ce statut de film non destiné au cinéma qui fait que le réalisateur peut se permettre certains délire.
L’une des premières scènes présente une femme qui retire sa culotte pour pisser, et réfléchit à un graffiti obscène à écrire sur la cloison des WC publics, mais est interrompue car elle se fait tuer (d’une façon qui rappelle un peu Blow out, de De Palma).
Les références sont assez nombreuses.
Tôt dans le film est parodiée la scène de la douche de Psycho (avec des boobs en plus), en moins bien réalisé et monté : saute d’axe weird, mouvements pas naturels, …
Gorman Bechard essaie par moments un peu de stylisation, avec des éclairages colorés notamment, mais du coup ça provoque des faux-raccords terribles avec les autres plans de la même scène. L’éclairage est mauvais même en extérieur, lors d’une scène de pique-nique ou de marche dans la rue où les personnages sont trop sombres. Je suis quasiment sûr que tout ne s’est fait qu’en une prise, il y a un cadrage qui coupent les acteurs pendant un travelling arrière qui les suit marcher, une actrice qui hésite avec son texte, …
Il y a quand même des FX pas mal, le plan du couteau en travers de la gorge est très efficace par exemple.
Ce qui fait l’intérêt du film en tout cas, c’est son idée de départ : l’association de deux tueurs en séries qui se mettent en couple.
La rencontre de Joe et Kate est racontée et leur point de vue exprimé lors de confessions vidéos face caméra, à la façon d’une scène de comédie romantique à la "Quand Harry rencontre Sally" (sorti 2 ans plus tard, mais comme je m’y connais pas du tout, je ne sais pas quelle est la référence réelle).
Les héros se découvrent une haine commune du raisin ; Kate, confrontée à un autre tueur qui mange ses victimes à la fin du film, estime que ce type est malade parce qu’il aime le raisin.
Vient le moment où Kate et Joe doivent s’avouer leur secret : "I guess what I’m trying to say is… I’m a psycho killer (…)" – "I can’t believe it… me too !".
Tous deux n’aiment pas les normes de la société et se considèrent instables, ils proposent de "be unstable together".
Joe tue des femmes. Kate tue des hommes, et plus précisément des clients, étant donné qu’elle est manucure. C’est pas très logique qu’au bout de quelques meurtres personne ne fasse le lien entre les clients, mais bon… C’est plutôt marrant, à un moment elle tue plus vite que les autres un homme qui lui fait la blague "an ounce of prevention is worth a manucure", ou une connerie comme ça.
Mais une fois qu’ils sont ensemble, les deux tourtereaux perdent intérêt dans le meurtre. Joe ne prend même pas la peine de tuer une cliente qui s’ennuie tellement qu’elle rêve qu’un tueur de film d’horreur l’emmène dans les bois, lui arrache les vêtements, et lui fasse l’amour brutalement avant de la découper en morceaux.
Oui, le film n’est pas des plus fins. Assez tôt, on retrouve ce cliché de la blague du style "I’m dead tired", juste avant qu’un perso ne se fasse tuer…
Le film s’essouffle vite, n’arrivant pas à faire grand-chose de nouveau avec son principe du couple de tueurs. Joe et Kate tuent séparément, ensuite Joe tue et est surpris par Kate, ensuite ils tuent ensemble, à leur lune de miel ils tuent ensemble mais cette fois une prostituée, ensuite ils ne veulent plus tuer, … les variations sont vraiment mineures.
De temps en temps, comme Joe est patron d’un bar, on a des plans un peu plus longs de danse ou de strip-tease de la part des employées. Il n’y a que la scène de strip-tease où la femme tient un néon dans ses bras et éclaire des parties de son corps qui sort du lot.
Il faut compter sur les scènes "comiques" du film pour se divertir.
Un gag qui m’a fait marrer, c’est celui du plombier qui ne se déplace pas au domicile de ses clients.
Sinon, on a droit aux "bad jokes" de Joe, à une scène de mariage très laborieuse avec un prêtre sénile qui ne se souvient jamais des prénoms, une scène complètement nulle où le couple regarde des VHS en sortant les films de la cassette, une scène sortie de nulle part où tout le monde comprend ce qu’un client du bar dit dans une langue orientale, et un gag trop facile où on voit l’équipe du film. Sur la fin, les personnages n’arrêtent plus de faire référence au fait qu’ils sont dans un film, c’est lourd, et ils continuent encore avec leur running gag de l’énumération de tous les types de raisins qu’ils détestent, c’est usant.
A retenir aussi : la chanson "Psychos in love", plutôt drôle. Et ce nom : LeeAnne Baker, créditée en tant que "heavy metal girl", et qui a apparemment tenu des rôles similaires de punk dans 6 autres séries B entre 1986 et 1987.
Ca se regarde, mais j’ai commencé à m’ennuyer vers la fin.
Bonus :
Des critiques sur IMDb, dont celle de l’acteur principal (Carmine58) :
http://www.imdb.com/title/tt0093800/reviews
Sinon, j’apprends sur IMDb qu’on voit la VHS dans "Jersey girl" de Kevin Smith… faudra que j’y paye attention si je le revois un jour.
Dans le trivia, on apprend aussi que le réalisateur était fiancé à l'actrice principale, et que le film a été tourné avec des restes de bobines !
La chanson :
http://youtu.be/cbLmtD9pIPA
Avec les paroles :
http://www.gormanbechard.com/films/pil__lyrics.htm
