Pour les adeptes de thriller qui ne laisse pas indemne...

Prisoners est apparu dans les salles françaises le neuf octobre dernier. Je n’en avais pas du tout entendu parler avant de le découvrir dans les programmes de mon cinéma. Il m’a d’abord attiré par le nom des acteurs qui occupaient l’affiche. Hugh Jackman et Jake Gyllenhaal sont deux interprètes que j’apprécie énormément. De plus, en naviguant sur le net, je me suis rapidement compte que ce film semblait faire l’unanimité en sa faveur en découvrant les différents avis à son propos. Il semblait s’agit d’un thriller haletant qui ne laissait pas le spectateur indemne. Je l’espérais de tout cœur car sa longue durée, deux heures et demie, ne donnait pas trop le droit à l’erreur.

Le site Allociné propose le synopsis suivant : « Dans la banlieue de Boston, deux fillettes de 6 ans, Anna et Joy, ont disparu. Le détective Loki privilégie la thèse du kidnapping suite au témoignage de Keller, le père d’Anna. Le suspect numéro 1 est rapidement arrêté mais est relâché quelques jours plus tard faute de preuve, entrainant la fureur de Keller. Aveuglé par sa douleur, le père dévasté se lance alors dans une course contre la montre pour retrouver les enfants disparus. De son côté, Loki essaie de trouver des indices pour arrêter le coupable avant que Keller ne commette l’irréparable… Les jours passent et les chances de retrouver les fillettes s’amenuisent… »

La sortie de Prisoners est accompagnée d’une interdiction aux spectateurs de moins de douze ans. Je la trouve parfaitement légitime. Certaines scènes sont dures à supporter. D’ailleurs la dureté la plus intense ne réside pas directement dans les images. Elle se dégage des personnages, de l’atmosphère, des sous-entendus. Cela rend le film oppressant d’une certaine manière. Nos valeurs sont sollicitées. Le bien, le mal, la justice, l’empathie… Toutes ces notions sont malmenées tout au long du film. J’ai apprécié d’être bousculé. A aucun moment, je n’ai eu le temps de souffler. Quand les événements s’apaisent, notre esprit continue à être sollicité. Les deux heures et demie de l’intrigue défilent à un rythme effréné. Aucune scène ne semble de trop. Aucune longueur ne guette la narration. Prisoners est un film intense qui ne laisse pas indemne. Il m’a fait vivre un excellent moment de cinéma.

Avant d’être un film d’ambiance, cet opus est une enquête policière construite sur une problématique classique. Deux petites filles ont été enlevées aux abords de leurs maisons. Le détective cherche à mener une quête rationnelle basée sur des faits et des actes. De son côté, le père de l’une d’entre elles entre en mission et est prêt à tout pour sauver les fillettes. Les deux points de vue se défendent et chacun semble bien dans son rôle. Les révélations sont distribuées au compte-goutte, les rebondissements sont savamment dosés. L’écriture du scénario est un modèle du genre. Notre attention est en permanence sollicitée. Nos certitudes sont régulièrement fragilisées et remises en cause. Bref, la dimension policière du propos est un modèle du genre.

De manière logique, se crée une relation complexe entre Loki et Keller. Le second reproche au premier de ne s’investir suffisamment dans son enquête. Quant au premier, il sent bien que le père n’est pas sous contrôle. La narration ne choisit pas son camp. Chacun est cohérent dans sa démarche. Chacun montre des faiblesses qui génèrent immédiatement de l’empathie à leurs égards. Ce sentiment fait que j’étais prêt à accepter tout de leurs parts à partir du moment où cela les approchaient des fillettes. C’est d’ailleurs une des forces de l’intrigue faire exister deux personnages aussi denses dans une trame qui l’est tout autant. L’interprétation des deux personnages principaux est remarquable. Je comprends que certains critiques avancent que Hugh Jackman ait obtenu ici le rôle de sa carrière. Je suis incapable de savoir si cela est légitime ou non. Mais une chose est certaine, il irradie l’écran.

Je ne cherche pas à trop rentrer dans les détails de l’histoire afin de ne pas vous gâcher la découverte. Je tiens juste à vous dire que le film ne se résume pas à l’affrontement entre deux versions de la justice. Les autres personnages amènent tous leur écot à la réussite de l’ensemble. Les interprétations de Viola Davis, Maria Bello, Terrence Howard ou Paul Dano sont remarquables de justesse. Ils habitent leurs personnages respectifs dès leur première seconde à l’écran. Le casting se met à la hauteur du scénario et ce n’est pas rien !

Pour conclure ma critique, je trouve que Prisoners est le meilleur film de l’année jusqu’à maintenant. Evidemment que ce jugement radical peut être remise en cause par chacun des lecteurs de ce texte. Néanmoins, c’est une manière de faire comprendre que cette histoire m’a emporté, bouleversé, dérangé et épuisé. Bref, je ne peux que vous conseiller de partir à sa découverte au plus vite avant qu’il quitte les écrans. Une telle atmosphère ne peut prendre toute son ampleur que dans une belle salle obscure de cinéma…
Eric17
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le 29 oct. 2013

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Eric17

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