Ce film constitue l'une des adaptations les plus soignées d'une bande dessinée à l'écran par un grand studio, bénéficiant du Cinemascope, procédé mis en place par la Fox en 1953 avec la Tunique, couplé au Technicolor sirupeux de l'époque, le résultat ne peut en être que spectaculaire, je me souviens que c'est un de mes films d'enfance qui me régalait les yeux lorsque j'avais 10 ans, mais je l'ai ensuite revu adulte plusieurs fois, et M'sieu Eddy n'a pas manqué de le diffuser à la Dernière Séance dans les années 80, lui qui est fan de Henry Hathaway, il ne pouvait pas faire moins. Ah lala ces films de chevalerie à la sauce hollywoodienne, avec toute leur imagerie naïve, quel plaisir encore de nos jours de voir ça en DVD, car c'est un style de cinéma qui a hélas complètement disparu à Hollywood de nos jours.
Il était d'ailleurs très rare de voir des adaptations de BD dans les années 50 de la part d'une major company, en principe, c'était plus l'habitude des petites compagnies qui en faisaient des séries B voire des sérials. Mais ici, la BD de Hal Foster, créée en 1937, prenant pour cadre le monde épique des chevaliers du Moyen Age (dans le style du romancier Walter Scott) et une partie assez libre de la légende arthurienne, était traité plutôt scrupuleusement par Hathaway qui s'est attaché à engager des acteurs ressemblant aux personnages (c'est surtout flagrant pour Robert Wagner incarnant Vaillant), et à retranscrire brillamment décors et cadrages similaires. En vieux routier du cinéma, il a su à travers une succession d'aventures fabuleuses, retrouver cette atmosphère particulière.
A ce titre, le casting est de haute tenue, avec un tout jeune Robert Wagner en prince fougueux, James Mason en fourbe sir Brack, Janet Leigh en douce Aleta, et Sterling Hayden en loyal sir Gauvain ; sans oublier Debra Paget, Donald Crisp, Brian Aherne, Victor McLaglen et Neville Brand.
Il est donc difficile de résister à cette intrigue dynamique qui certes comporte pas mal de clichés, mais on les oublie vite devant la magnificence des images et la splendeur des costumes et des décors ; les énormes décors de châteaux soit de carton-pâte, soit en toile peinte impressionnent et font leur effet, bien intégrés à l'image. La reconstitution de la Table Ronde semble conforme à la légende, et le duel final qui a lieu dans cette salle, est un véritable modèle du genre, même si les acteurs manient leurs épées comme des fleurets de mousquetaires, c'est le seul petit détail qui pour moi n'est pas crédible, ces épées sont censées être très lourdes vu leur aspect, il faut normalement les tenir à deux mains. Mais qu'importe, le film est tellement divertissant et offre pas mal de morceaux de bravoure, comme la prise d'un château et un tournoi, que je peux oublier ce duel un peu faussé mais compensé par une certaine rage, les 2 protagonistes Vaillant et sir Brack n'hésitant pas à réduire la salle de la Table Ronde en champ de ruines. Le tout est magnifié par la partition fringante de Franz Waxman qui fait retentir les cuivres.
Prince Vaillant qui fera l'objet d'une nouvelle version en 1997, plus moderne mais aussi plus fantaisiste, est un de ces films de chevalerie très soignés que l'on ne peut revoir sans une certaine nostalgie, c'est un fleuron et un classique de ce type de films, et je m'en réjouis à chaque fois.

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le 26 juin 2020

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