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Premutos
5.4
Premutos

Film DTV (direct-to-video) de Olaf Ittenbach (1997)

Des ruines d’une funeste bataille, des cadavres entassés jonchent le sol et forment des monticules, les derniers survivants se finissent à coup de glaive tandis que raisonnent dans les ténèbres des cris d’agonis. De cet enfer naquit Premutos : L’ange des ténèbres déchu des cieux dont le sinistre dessein est de semer la mort et la destruction à la tête d’une armée de morts qu’il a le pouvoir de ressusciter. Enfer et Damnation éternelle, dès son introduction le ton du film est donné. Olaf Ittenbach effectue une transition avec son œuvre précédente en commençant là ou The Burning Moon s’achevait. Malgré ses démêlés judiciaire, le réalisateur reste égale à lui-même et ne compte pas changer son fusil d’épaule, bien au contraire, cette fois il s’empare d’une sulfateuse pour faire dans la tuerie de masse. Evidemment, Premutos ne s’est pas fait en un jour, le tournage ayant été répartie sur 3 ans, avec un budget à hauteur de 100 000€ ce qui reste quand même assez peu au vu du nombre conséquent d’effets spéciaux. Ce projet lui aura également permis d’achever son apprentissage et de synthétiser ses thèmes de prédilection : les mises à mort gore et graphique, l’onirisme Fulcien et une prédisposition pour l’enfer et l’au-delà qu’il reproduira de nombreuses fois au cours de sa riche filmographie.


Comme souvent, le scénario n’est que prétexte à justifier un déluge d’hémoglobine à l’écran. Cela se limite à la découverte d’un grimoire maudit, un peu comme le Necronomicon qui permet de ressusciter les morts et au Premutos de se réincarner dans le corps d’un nouvel avatar. Celui-ci ne pourra évidemment être que celui de son réalisateur qui sera le véritable chef d’orchestre derrière cette apocalypse entre 4 murs. Comme toujours, Ittenbach fait corps avec son rôle et va jusqu’à s’inspirer du célèbre Dominique Casagrande pour jouer la passoire dans des buts qui ne resteront pas bien longtemps inviolés. Mais le cinéaste va encore plus loin et n’hésite pas à donner de sa personne en prenant un ballon suivi d’un gros coup de crampon non réglementaire dans les couilles. Une série de blessures qui vont lui faire voir 36 chandelles et quelques visions du passé sous forme de flash-back illustrant le mal ancestrale à travers différentes âges, de l’Antiquité, du Moyen-âge, et du 20ème siècle jusqu’à nos jours. Le cinéaste tente ainsi d’insuffler un réel souffle épique à cette petite production en nous offrant plusieurs reconstitutions d’époque certes un peu kitch, mais dont la seule démarche impressionne pour un film amateur de cette ampleur, on pense notamment au massacre des habitants d’Ingolstadt ou bien à la sorcière cramée et le lynchage en règle des villageois, ou encore cette bataille entre russes et allemands dans une forêt bavaroise censé refléter le front de l’Orient près de Stalingrad en pleine seconde guerre mondiale. Certaines séquences font évidemment plus illusions que d’autres. Le réalisateur ira même jusqu’à réinterpréter la crucifixion et la transfiguration du Christ en Premutos. Comparer le sauveur à l’antéchrist, il fallait oser… Il y a du Verhoeven en Olaf Ittenbach qui se permet même de tutoyer Mel Gibson en refaisant la bataille de Stirling avec infiniment moins de figurants, de moyens ou de talents, il faut bien le dire.


Olaf Ittenbach abandonne la gravité de ton de ses deux précédents essais pour céder à la comédie slapstick ainsi qu’à une ambiance grotesque, fun et décomplexé, ce qui lui permet de marcher sur les traces d’un certain Peter Jackson, héritant lui aussi d’une réputation tout aussi sulfureuse. Premutos est en effet l’un des films les plus gores de tous les temps avec pas moins de 139 morts à l’écran. Le film comporte donc son lot de beauferie assumée et de personnages ultra stéréotypés, toujours appréciable dans le genre, on pense à la sœur affublé d’une combinaison de cuir sadomasochiste, le père militaire fétichiste des armes à feu qui rêve de pouvoir en découdre dans une bataille épique, ce qui ne tardera pas à se manifester après un repas bien arrosé, ou bien à cette vieille harpie de mégère hystérique qui passe son temps à s’accaparer la conversation en débitant des monceaux de connerie. Les gags font également mouche, notamment celui où le mari soumis se décrotte le nez, s’en roule une et la lance dans la bouche de sa femme pour lui faire fermer son clapet, une séquence inspiré du Eye Popping & Swallowing d’ Evil Dead II. Premutos étant comme ses deux précédents long-métrage un film hautement référentiel, qui emprunte divers influences pour tracer sa propre voie en tranchant directement dans le lard. On pourra également citer Street Trash au détour d’une séquence où un mendiant se met à boire une fiole d’un liquide jaunâtre avant de mourir d’une implosion cérébrale.


Mais cette avalanche de vulgarité trash et de blague potache (le black qui gerbe sur la bourgeoise, le prêtre qui se soulage dans le confessionnal) ne saurait masquer une seconde partie déjà plus classique à base d’invasion zombie et de lutte de survie. Paradoxalement, ce n’est pas le nombre de mises à morts qui compte, mais bien l’art et la manière de les exécuter, et s’il convient de reconnaître la qualité des effets spéciaux, il faut bien confesser que celles-ci sont souvent un peu plus mécanique et drôlatique que les meurtres crapuleux de The Burning Moon qui étaient visuellement bien plus graphique et brutales. Pas de quoi cependant nous gâcher les réjouissances d’une fête d’anniversaire qui va vraisemblablement mal tourné et qui sera animé de plusieurs débordements excessivement gore et outranciers. Des exécutions stylisés à coup d’espadon dans la gueule, de trépanation par balle et de bastos dans le buffet, jusqu’au grand déchaînement final qui troque la tondeuse à lame de Braindead pour un véritable tank de combat qui explose les têtes et réduits les corps en charpies. En creusant dans l’analyse, on peut également considérer Premutos Der Gefallene Engel comme la résurgence du passé traumatique et violent de l’Allemagne. L’heure de la consécration a donc enfin sonné pour le cinéaste qui est finalement parvenu à ancrer définitivement le splatter underground allemand dans le patrimoine culturel de son pays.

Le-Roy-du-Bis
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le 8 mai 2024

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Le Roy du Bis

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