Rien de nouveau, vraiment rien. Le problème de prédestination, c'est qu'il n'arrive pas à surprendre une minute. Il est un pur produit calibré au millimètre, pensé pour avoir tel effet, pour être classé immédiatement comme un petit budget intelligent. C'est un film prévu pour faire illusion, qui veut montrer qu'il est intelligent en glissant dans son script quelques rebondissements pour donner le change et refiler matière à agiter sa matière grise. Sauf que comme chez Looper, le film loupe le coche. Déjà en faisant ostensiblement du remplissage lassant et déjà vu (la vie de l'héroïne racontée accoudée à un bar (héroïne qui ne vaut d'ailleurs que pour son physique masculin sortant des clichés habituels)), avec des zones d'ombres immédiatement visibles qu'on sait déjà qu'elle vont servir à une révélation (l'identité du père de son enfant, voyez vous ça...). Puis le film, après nous avoir bien fait chier, se dit qu'il est temps de commencer et nous donne enfin ses règles temporelles. Voyage dans le temps inventé en 1994, on peut remonter jusqu'à 53 ans avant ou après. Pas d'interférences temporelles, et attention aux boucles. Et évidemment, notre héroïne, en plein recrutement, abandonne la mission et va rendre visite à son moi du passé. Prévisible ? Naaaaan ! Et le film enchaîne ainsi les règles convenues, et avance peu à peu ses éléments de boucles temporelles, aboutissant à des révélations artificiellement compliquées (un conseil, prenez des notes pour ne pas avoir à vous emmêler les pinceaux pour capter les interversions de rôles...). On va la faire plus simple (et sans spoilers) pour vous exposer la situation. Prédestination, c'est Timecop. Mais sans l'action, avec moins de clichés, moins de rythme, et beaucoup moins de charme. Car même en étant assez malin pour gérer à l'ancienne les voyages temporels (simple effet apparition disparition avec des ventilateurs puissants, et technique discrète tenant dans un étui à violon dont la date s'affiche sur les cadrans du verrou de sécurité), le matériau, déjà usé, laisse complètement indifférent. Alors peut être qu'on s'amusera un peu avec le système de boucle, en s'amusant à remettre en ordre les différents paradoxes pour s'amuser. Mais tout de même, que c'est lassant, de voir toujours les mêmes films. On n'est même pas méchant, juste pas surpris ni très complaisants. Avec un titre comme prédestination, n'essayez pas de nous faire croire qu'on joue encore la surprise, juste en changeant les subterfuges pour nous ressortir la même soupe.
Voracinéphile
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le 21 déc. 2014

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