Diane Kurys à la recherche du temps passé

Le film autobiographique est-il un genre en expansion ? Il est en effet légitime de s’interroger car avec l’avènement des réseaux sociaux et autres sources d’exhibition de la vie privée sur Internet, une société sans complexes et sans pudeur est née. Cet engouement pour l’exposition publique de données personnelles est aujourd’hui d’une normalité effective et ce changement aurait pu se traduire au cinéma par une augmentation latente d’œuvres exposant la vie sans grand intérêt d’un réalisateur en manque de repères. Mais le cinéma évite cet écueil car depuis ses débuts, il est un moyen d’expression. En effet, à travers une histoire fictive, chaque réalisateur donne forcement quelques indices sur son caractère, ses sentiments, et lorsque des auteurs mettent en image leur propre vie, ce n’est pas pour laisser s’exprimer une mégalomanie sans limite mais plutôt un exutoire à des souvenirs douloureux.
Ainsi, le nouveau film de Diane Kurys Pour une femme s’inscrit dans cette volonté et narre l’histoire romanesque et émouvante de ses parents dans l’après seconde guerre mondiale, un récit fait d’amour, de politique et d’un secret, qu’elle tente aujourd’hui de percer alors que les deux protagonistes sont décédés. Si l’on regrette l’univers artificiel de l’œuvre (les décors et les costumes, trop propres, sonnent faux, les retours entre passé et présent sont maladroits), le film est sauvé par le jeu exceptionnel de ses interprètes (Mélanie Thierry plus solaire que jamais rayonne de beauté et de sincérité) et la reconstitution nostalgique du parti communiste des années 40, une époque où les idéaux et l’engagement étaient précieux et qui, à l’instar de ses souvenirs, semblent aujourd’hui perdus.