Pour la France, n’est pas une film-enquête visant à dénoncer une institution militaire viciée de l’intérieur, mais de réfléchir à la notion même d’engagement et – osons le mot – d’égalité. Jallal aura-t-il le droit à des honneurs dans la cour des Invalides ou juste à une cérémonie en catimini dans un cimetière de Bobigny ? Ismaël, son grand-frère (Karim Leklou) décide de se battre pour sauver l’honneur de son cadet dont il est le parfait contretype : aussi rugueux et sauvage qu’Aïssa était doux. Leklou porte sur lui et en lui, toute la tension du film. Regard sombre, corps solide à l’allure faussement incertaine, il avance comme un animal indompté. Pour la France, c’est un drame fraternel, où pour enfin se retrouver il faut être un peu « ailleurs » (les magnifiques séquences à Tapeï), pris dans les rets de puissants flashbacks.