Le générique d’introduction s’ouvre sur des plans rapprochés d’un monument honorant les soldats morts au combat lors de la bataille de Passchendaele en Belgique en 1917. Un épisode de la première guerre mondiale atroce pour les combattants qui y ont pris part alors que les pluies diluviennes ont transformé le champ de bataille en mer boueuse. Un enfer duquel a voulu se sortir le soldat Arthur Hamp en désertant avant de se faire intercepter, juger et fusiller par des membres de l’armée britannique. Le but des auteurs n’est pas de nous relater les faits de cette triste page historique mais plutôt de mettre le focus sur le côté inhumain de la culture martiale. Le film se résume au jugement d’un pauvre type poussé au bout de son endurance après trois années passées au front à voir ses camarades se faire charcuter sous la musique des canons. Après un plaidoyer senti de la part du capitaine jouant le rôle d’avocat de la défense, le colonel se laisse attendrir en jugeant l’accusé coupable mais en l’absolvant de sentence. Sa décision est renversée par un fou furieux de général apparaissant seulement en photo à la toute fin. En introduisant des images de soldats estropiés et endormis à tout jamais dans la boue et en intercalant des séquences montrant des militaires en train de taquiner des rats à travers le procès du soldat Hamp, Joseph Losey désire dénoncer toute l’inhumanité de la guerre qui font des personnes enrôlées des bêtes de dépotoirs dépouillés de toute dignité au nom d’un supposé patriotisme et au service d’illuminés au pouvoir.