Poppoya
Poppoya

Film de Yasuo Furuhata (1999)

L'an dernier, je m'étais plongé dans la discographie de Ryuichi Sakamoto et j'avais bien entendu découvert des pépites. Si ça n'est pas lui qui avait fait la musique de Poppoya, c'est lui qui a composé la chanson finale, une chanson très mélancolique chantée par sa fille en personne, Mia Sakamoto. Le titre m'intrigue. Je regarde le film dont c'est tiré et y voit l'histoire d'un vieux chef de gare sou la neige, cela m'intrigue encore plus. Pouf, sur la liste des films à regarder.


C'est donc, un an plus tard que j'ai découvert Poppoya (terme qui signifie "cheminot"), qui est effectivement un film sur un vieux-chef-de-gare-sous-la-neige. Je m'attendais à un film dramatique... et ce fut le cas. Les japonais sont hyper doués pour les mélo et les tire larme, des fois ça marche avec Dans un recoin de ce monde, des fois ça me laisse complètement froid avec Je veux manger ton pancréas que j'ai vaguement oublié... (alors que je l'ai regardé il y a même pas six mois) et celui là a complètement réussi sur nous.


A la veille de la nouvelle année, un vieux chef de gare qui va voir sa ligne de train être arrêté se souvient de sa vie et de comment son travail lui a enlevé à la fois sa fille de quelques mois, son potentiel fils adoptif et sa femme. Le film alterne les moments présent avec des moments en flash back qui sont mis en sépia (c'est même un poil cracra en 2024) qui vont des années 40 à l'an 2000 et montre différentes étapes de la vie de cette homme, qui sont souvent liées avec la bonne conduite de sa gare.


C'est un film sur le ferroviaire japonais. Les japonais sont extrêmement fier de leur chemin de fer et on trouve des otakus des trains (qu'on voit vite fait dans le film.) Poppoya parle à la fois des vieux trains qui dégageaient de la fumée nocive, des trains des années 50, de la période des grèves, du chomage de l'après guerre japonais, et du déclin de ces lignes là face à l'exode rural japonais. Si vous cherchez une sorte de mémorandum sur ce qu'il s'est passé à cette époque, allez y jeter un coup d'oeil.


C'est une fable le chef de gare japonais, impassible, qui doit faire son devoir coûte que coûte. Le film le dit textuellement : l'essor du rail au japon s'est accompagné avec la reconstruction du pays et c'est une chose dont les japonais étaient extrêmement fier. Il y a une sorte de "revanche" après la défaite de 1945 d'avoir un service ferroviaire qui fonctionne avec des codes et un amour du travail bien fait.


Et cet amour du service, c'est un peu tout le drame du personnage, flanqué par un Ken Katakura agé de 68 ans et qui porte l'intégralité du film sur ses épaules. On sent le papi bourru qui n'a vécu que pour une seule chose au cours de sa vie et qui fait de sa


Alors, oui, c'est ultra mélodramatique et j'ai perçu très très vite l'un des artifices principal du film...

... a savoir que les filles qui viennent le voir sont le fantôme de la petite fille qu'il a perdu. Le film en rajoute d'ailleurs des couches avec des symboliques sur la couleur rouge qui ressortent sans arrêt.

Mais ça a fonctionné sur moi. Malgré les grosses ficelles, malgré le choix de casting étrange, (Shinobu Otake qui joue la femme de Katakura a bien 30 ans de moins que lui et lui rajouter trois cheveux gris ne fait pas d'elle une vieille dame) et malgré un moment de malaise creepy dont seul les japonais ont le secret.


Le film fut lors de sa sortie l'un des trois plus gros film a avoir cartonné cette année là, le film a été bombardé de prix aux Japan film awards et avait même été envoyé à l'académie des Oscars pour possiblement concourir au prix de meilleur film étranger... en vain.


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le 2 mai 2024

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