Popeye
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Popeye

Film de Robert Altman (1980)

Savez-vous ce que je déteste le plus chez les critiques ? La phrase "ils ont pris de la drogue ?" Dès que certains se retrouvent face à des œuvres trop surréalistes, kitschs, ou inventives pour leurs petits cerveaux, c'est comme cela qu'ils le justifient auprès de leur public. Bien souvent, c'est aussi et surtout l'occasion de sortir un bon mot - même si je m'interroge sur le "bon" - mais cela revient à nier qu'il soit possible de faire preuve d'imagination et/ou d'anti-conformiste sans recourir à des substances illicites. Sauf que, dans le cas de Popeye, le producteur n'est autre que Robert Evans, figure majeure du Nouvel Hollywood connue pour être plus poudrée que le Roi Soleil ; donc, pour une fois, j'accepte bien volontiers le fait que l'équipe de Popeye ne carburait pas qu'aux épinards.

Parce qu'il s'agit d'un film très étrange, à énormément de points de vue. Comédie musicale aux chansons répétitives et parfois même dissonantes, succession de situations absurdes, figurants qui cabriolent dans tous les sens, Popeye enchaine les choix artistiques osés et apparemment incompatibles avec ses ambitions d’œuvre grand public. Le but étant d'être le plus proche possible de la BD (cela m'a rappelé des souvenirs) alors que le public en question connait surtout la série d'animation ; Robert Altman ne s'y trompe d'ailleurs pas, en faisant intervenir le Popeye du dessin-animé en début de métrage, pour nous expliquer qu'il s'est trompé de film...

L'histoire commence avec l'arrivée de Popeye (Robin Williams) dans la petite localité de Sweet Heaven, à la recherche de son "Poppa". Il trouve une chambre dans la pension de famille des Oil, mais va rapidement remarquer que la ville est sous le joug de Brutus, le fiancé de Olive Oil (une Shelley Duvall physiquement parfaite pour incarner le personnage).

Il m'a fallu du temps pour m'imprégner de l'ambiance inédite, foncièrement étrange au premier abord, de ce Popeye. Puis, il m'a paru progressivement se transformer en film de Bud Spencer, avec ses baffes et son héros solitaire redresseur de torts un peu malgré lui. Le décor, les costumes, les chansons, les choix des acteurs (l'excellente Linda Hunt dans un petit rôle), tout participe à créer une œuvre atypique, à laquelle le spectateur accrochera. Ou pas. Apparemment, Popeye ne souffre pas d'une réputation fort flatteuse. Ce qui se comprend aisément : même si c'est plutôt drôle et rythmé, avec un petit côté aventure franchement pas dégueulasse, cela a dû casser les habitudes et attentes de beaucoup. C'est dommage, car nous avons là un film coloré que j'ai pris du plaisir à regarder.
Ninesisters

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