Dans Pierrot le fou de Jean-Luc Godard, Samuel Fuller, dans son propre rôle, répond à Jean-Paul Belmondo qui l’interroge sur le cinéma : « Un film est un champ de bataille : amour, haine, violence, action, mort, en un mot émotion ».
C’est exactement le cas de The Naked Kiss (le titre français Police spéciale est stupide et incompréhensible) qui débute par une scène pré générique d’une incroyable violence où une femme tabasse très violemment un homme, scène filmée en une série de de champs/contre-champs subjectifs, tout en perdant sa perruque et se révélant complètement chauve. Puis elle prend dans son portefeuille une partie de son argent (ce qu’il lui doit dit-elle). La furie remet alors sa perruque, se remaquille et se révèle être une superbe femme très distinguée. Le spectateur ne comprendra que bien plus tard la raison de cette scène choc particulièrement violente.
Tout le film se déroule dans une charmante petite ville américaine dont Fuller exploite la tranquillité et la bienveillance apparentes pour la confronter à une noirceur saisissante, prostitution et pédophilie.
Le film reste tout de même un Fuller mineur car il n’évite pas toujours l’excès et frôle parfois le ridicule (dans quelques rares scènes néanmoins), mais il bénéficie d’une admirable photographie et d’une recherche formelle qui emportent le morceau.