Pluie de Juillet, plus connu sous le nom de July rain est l'un des trois films les plus connus et réputés de Marlen Kutsiyev, réalisateur Russe de la deuxième moitié du XXe siècle qui fut récemment (en 2001) décoré par Poutine en personne de l'Орден «За заслуги перед Отечеством», l'Ordre "Pour le mérite" en français, l'équivalent donc de la légion d'honneur, pour l'importance que ce dernier a pu avoir dans le domaine du cinéma, donc bon, c'est pas n'importe qui!

Pluie de Juillet est donc sorti en 1966 soit 10ans après "Le Printemps dans la rue Zaretchnaïa" et à peine un an après "j'ai vingt ans", tout trois sont plutôt bien classé dans le top 100-Russian Guild Of Film Critics, ce qui n'est pas négligeable quand on sait que Marlen Kutsiyev n'a réalisé que 12 films dont quelques uns pour la télé soviétique.
Le film s'est vite vu en partie censuré en Russie, en effet il fut tourné en 1966 soit 2 ans après la chute de Nikita Khrouchtchev et l'arrivé au pouvoir de Léonid Brejnev qui réduit presque à néant le peu de liberté créative gagné en URSS après la mort de Staline (Le film ne s'exporta donc pas et ne fut pas présenter au festival de Venise la même année). Cette liberté permettait à bon nombre de réalisateur de faire des films plus gais moins portés sur la propagande à l'instar des premiers films de Marlen Kutsiyev ou de l'excellent Je m'balade dans Moscou de Georgij Danelija entres autres.

Quoi qu'il en soit, outre cet aparté historique, jusqu’à aujourd'hui j'avais un peu de mal à cerné le "génie" du monsieur, loin de moi l'idée de lui cracher dessus mais je dois dire que j'ai trouvé "Le Printemps dans la rue Zaretchnaïa" plutôt mauvais pour un premier film et "j'ai vingt ans" a eu du mal à véritablement m'emballer et me convaincre.

Pour autant avec Pluie de Juillet je redécouvre son cinéma, pourtant pendant 1h40 j'ai eu l'impression de revoir "j'ai vingt ans" ou son premier film tant les thématiques, les personnages, les lieux et j'en passe sont similaires, mais pour le coup le rythme est au rendez vous, l'émotion également, et même si je n'ai pas tout assimiler aux sous titres anglais un peu trop rapide, l'histoire m'a vite pris et ne m'a pas lâché.

Pluie de juillet est un peu l'aboutissement du travail de Marlen Kutsiyev. En effet la photographie et le noir et blanc sont sublimes et la mise en scène quasi parfaite. Marlen Kutsiyev s'amuse avec sa caméra à coup de longs travellings exquis(d'ailleurs dés la première scène on est bluffé par cela), de plan séquence impressionnant ou la caméra passe des mains du chef op à une grue sans le moindres accoues pour mieux surplomber des personnages écrit avec finesse et intelligence et d'une utilisation de la musique quasi parfaite. Pluie de Juillet mélange avec brio la forme et le fond, mélange que je trouvais absent dans son premier film et pas aussi aboutit dans "j'ai vingt ans" (peut être trop long mais que je tiens à revoir).

Pluie de Juillet est donc une œuvre particulièrement belle et touchante qui donnerait presque envie de vivre dans cette Russie que Marlen Kutsiyev nous présente si belle. Il faut dire qu'il a un talent fou pour filmer Moscou et il ne se fait pas prier pour nous servir des scènes de plusieurs minutes sur cette ville grouillante de vie et d'une beauté rare.
Mais son talent ne s'arrête pas la, il est également capable de filmer avec brio ses personnages et le tout sans jamais laisser de côté l'émotion, si je met de côté les 10 dernières minutes que je n'ai pas forcément comprise, ou plutôt dont je n'y vois que peu d'intérêt, le dernier dialogue entre nos deux héros est génial et émouvant, qui plus est les acteurs sont parfaits et explose à l'écran sous la caméra de Marlen Kutsiyev...

Je ne vais pas vous en dire plus pour ne pas gâcher le plaisir, et puis je m'exprime moins bien que certains qui pourront, peut être, mieux retranscrire les qualités du film à l'écrit, mais je vous conseil vivement de vous le procurer et de le voir!
Sasory
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le 18 juin 2013

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