C’est le bon son de Boublil

TW : Cassez-vous les snobinards de la salle obscure, c’est po les cahiers du cinoche.

De toute façon, dès qu’on a un récit de trajectoire : ici ça chiale.

C’est ce film sur l’adolescence avec ce qu’elle a de plus probante : un film où, comme quand on grandit, on ne s’attarde sur aucune ligne avec le risque de partir dans tous les sens. La grande histoire est décousue et ne s’enracine que sur des points fixes et continus. C’est quand on voit l’ampleur de la succession des tranches de vie que l’on réestime ces accroches.

1h48 d’affection pour remplacer les paupières d’un jeune con qui comme nous, n’a rien compris dans ce désert angoissant. On l’accompagne dans un millier de cassettes où l’on aurait pu avoir notre place, tellement tous nos souvenirs ont le bonheur d’être similaires.

Mais là où le film tape juste et sans aucune ambition à ce niveau, c’est dans l’idée de la fuite permanente. Omniprésente, chaque pièce du film, de personnage, de dialogue, de lignes de scénario, de rapport social est teintée de fuite. Elle est subie, non avouée, mais partagée. Et, jamais n’est présenté un jugement dans les presque 2h de film. C’est donc bien ça qui rend le film si confortable, c’est un hymne à la dérision. Non pas par irresponsabilité mais davantage par conscience permanente de notre impuissance et de notre misérabilisme.
Reac time (j’ai 4800 ans) : ça change des films au melon gigantesque sur (et pour) les trentenaires désœuvrés qui compensent leurs désillusions familiales, leurs complexes sociaux et leurs névroses privilégiées par des relations toxiques et malsaines, présentées comme subversives ou vibrantes (oh Audiard tu me dois toujours 105 minutes de vie et 4€50 pour Les Olympiades).

Je pourrais dire que j’ai déjà eu les yeux humides devant un film de Max Boublil et ça c’est une petite fierté.