Une démo technique hier, un docu sympa aujourd’hui : c'est réglo

Suite et fin de ma rétrospective Cooper/Schoedsack avec ce This Is Cinerama, un spectacle ma foi plutôt sympatoche.


Comme la majorité des – rares – films réalisés à ce format, ce This Is Cinerama consiste essentiellement en une démo technique destinée à promouvoir ce fameux Cinérama (contraction des termes « cinéma » et « panorama » – qui l’eût cru ?) en démontrant ses possibilités alors inédites, donc parlons rapidement technique, histoire de ne pas passer complètement à côté de notre sujet :


L’idée de ce format Cinérama, que ses promoteurs présentaient comme révolutionnaire, n’était rien de moins que d’exploser les carcans du cinéma d’alors en plongeant autant que possible le spectateur dans l’image comme dans le son : concrètement, le format propose ainsi une largeur de champ assez costaude (146° par 55° – en comparaison, celle de l’œil humain est de 180° par 90°) et un son stéréophonique qui traverse l’écran selon la même trajectoire que lors de la prise de vues.


D’où l’utilisation, dans un premier temps, d’une caméra dotée de trois objectifs – chacun captant un tiers de l’image complète – et de huit micros – cinq captant tous les sons filmés par la caméra et trois les sons hors du champ – puis, dans un second temps, de trois projecteurs standards – chacun diffusant sur l’écran immense et courbe du Cinérama l’un des trois films mis en boîte – et de huit haut-parleurs – un par micro. Bref, une lourde et coûteuse artillerie pour un procédé ambitieux… qui ne fera ironiquement pas long feu, puisque ce coup d’essai This Is Cinerama ne sera suivi que par huit autres films.


Bon, tout cela est bien beau, me direz-vous, mais va trouver, en 2022, une salle équipée de cette technologie… et qui accessoirement diffuse ce This Is Cinerama… Vous marquerez un point. Mais je vous répondrai que faute de grives, on mange des merles… et que moi j’ai regardé ce film en DVD sur mon laptop, en calbut et chaussettes dans mon lit (l’élégance en toutes circonstances, eh ouais – prenez-en de la graine les puceaux). Bon, on repassera pour la claque technologique, ma rétine et mes tympans n’auront certainement pas été secoués autant que ceux des spectateurs des années 50, mais qu’importe : certes amoindri, le spectacle est toujours là.


Ceci puisque le film consiste, pour sa première moitié, en une compilation de captations, de quelques minutes chacune, de représentations diverses et variées à travers le globe (un roller coaster en action, un ballet, une procession religieuse, une balade en gondole vénitienne, un défilé militaire écossais, une chorale de petits Autrichiens interprétant Le Beau Danube bleu – meilleure scène du film –, une corrida en Espagne ou encore un opéra à Milan) puis, pour sa seconde moitié, en la visite d’un parc de Floride, son spectacle aquatique en prime, puis de grands paysages américains vus du ciel. Et ça, même sur un écran d’ordi dans son lit, eh bien ça a de la gueule…


D’autant que la musique est très emballante.


D’ailleurs, tout est fait pour convoquer autant que possible l’expérience originale, puisque la version DVD inclut l’ouverture musicale de cinq minutes jouée à l’époque, puis l’introduction d’un quart d’heure résumant les différentes étapes et progressions technologiques ayant abouti au cinéma d’alors (toujours intéressant). Avant d’étirer son image, dans un format un peu courbe (la famosa Smilebox), afin de simuler l’effet Cinérama.


Bon, on voit les séparations entre les trois images (ce qui ne devait pas sauter aux yeux devant les écrans géants de l’époque) mais disons que ça participe au charme de la séance.


Je vais maintenant tâcher de me dégoter la collab Ford/Hathaway/Marshall/Thorpe réalisée dans ce format : La Conquête de l'Ouest !

ServalReturns
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le 6 févr. 2022

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