Bon, on y arrive enfin…mon avis sur la plus attendue, et à la fois redoutée, suite de l’année. Décontenancé par le premier visionnage du film, il m’en a fallu un second pour me focaliser sur les points positifs de ce nouvel opus de ce que j’ai le plaisir de nommer « le projet parfait des années 2000 ». Il demeure en moi cette intangible perplexité… Oui, d’un côté ce film d’action propose, à un public maintenant averti, de sympathiques scènes de rebondissements, et des personnages presque intéressants, le tout enrobé dans une histoire qui pourrait faire rêver les marmots de nos jours. Mais de l’autre côté persiste dans mon fort intérieur ce sentiment nauséabond d’avoir participé à la destruction d’un mythe, à la mise à mort d’une franchise qui m’avait fait virevolter de-ci de-là durant mes jeunes années… Rentrons dans le vif du sujet !



Avis sans spoilers



L’histoire de ce cinquième opus de la saga à succès Pirates des Caraïbes, suite directe de la trilogie divine de Gore Verbinski et du quatrième film, parait de prime abord vachement cool ! Le jeune Henry Turner, fils du plus fake des pirates beau-gosse des sept mers j’ai nommé Will Turner, décide de libérer son père de la malédiction du Hollandais Volant. Pour cela il part à la recherche de l’artefact le plus puissant de tous les océans : le trident de Poséidon, capable de lever tous les sortilèges, phénomènes paranormaux et autres grigris vaudous de cette bonne vieille terre. Pour cela il est accompagné d’une greluche scientifique à la langue bien pendue, Carina Smith, et du capitaine Jack Sparrow dont le charisme a pris un sacré coup ! Mais dans l’ombre se tapit une nouvelle menace : Salazar, le boucher des océans, piégé par notre pirate favori durant ses jeunes heures et laissé pour mort (alors qu’il ne l’était pas vraiment mwahaha !), retrouve sa liberté et veut assouvir sa douce vengeance (dixit le titre du film !). Sur cette course guillerette d’un fils qui veut sauver son père (encore) et d’un méchant qui veut tuer Jack (encore), on retrouve nos valeureux pirates (Barbossa, Gibbs, Marty, Scrum et bien d’autres) mettre leur grain de sel dans l’affaire pour en tirer profit !


Comme je le disais en introduction, ce film enchaîne les absurdités, les facilités scénaristiques et les incohérences palpables avec son matériel d’origine, outre les moments malaisants et les blagues prenant l’eau, qui rendent le résultat inappréciable pour un fan hardcore de la saga. Néanmoins, celui-ci n’en est pas moins mauvais. Certaines scènes d’action marchent vraiment bien, les costumes et décors maritimes restent toujours au top, la musique est au rendez-vous (ce qui ramène les petits frissons dans le dos) et on a plaisir à voir certains personnages évoluer de la façon présentée par ce cinquième film. En ne se concentrant pas trop sur les détails qui fâchent et ceux qui désespèrent, on peut passer un très agréable moment. C’est pourquoi, malgré les passages où j’aurais préféré me faire arracher les ongles de pieds avec une pince de crabe version Davy Jones, j’accorde à cet ultime opus un, peut-être beaucoup trop gentil, 7/10.



Pour aller plus loin (alerte spoilers)



Si vous avez lu mes critiques sur la trilogie originale de Pirates des Caraïbes et son quatrième film, vous savez que je juge leur qualité sur 5 points essentiels qui font l’âme de la saga. Je vous propose donc de suivre à nouveau ces différents points pour juger au mieux ce cinquième opus.


Des personnages charismatiques ?


On a peut-être commencé un peu fort, mais bon, il faudra y passer coûte que coûte, alors plongeons nous dedans !


Jack Sparrow


Jack, Jack, Jack… Pourquoi tu nous as fait ça… Tu étais en haut, tout en haut du mât de notre estime et notre admiration, à la vigie de notre amour considérable pour tes mimiques cheloues, ta roublardise à toute épreuve et ta folle ivresse décalée. Tu es vite redescendu, très vite, tout en nous laissant pourtant un maigre espoir de rédemption… Tu nous offres une scène d’introduction digne de tes plus grandes entrées ! Après le regard au loin sur une barque en train de couler, l’exécution gratuite d’un corbeau sur un cercueil, ton pif magistral reniflant une délicieuse cacahuète, et même ton sublime déguisement de juge de tribunal de grande instance, nous te retrouvons, avec grand plaisir, ivre mort dans un coffre-fort que tu es en train de voler sans t’en rappeler ! Ça partait extrêmement bien, puis tu dégringoles rapidement au rang de lourdaud ivrogne, nous livrant ta plus pitoyable interprétation du pirate de légende. Plus de roublardises ou fourberies, plus de panache, rien qu’un bouffon qui se pavane et se cache à la moindre entourloupe (bon, concernant ce dernier point, c’était déjà un peu le cas avant, hein !). Ton combat final à l’épée est à peine crédible ! Tu te rends compte ? Tu as réussi à nous faire douter de tes talents de bretteur ! C’est un jour de deuil pour ce bon vieux Jack Sparrow. Capitaine !


Salazar


Là par contre ça fait plutôt plaisir ! Bon, j’avoue, passez après Barbossa, Lord Beckett, Barbe Noire et le somptueux Davy Jones dans le rôle du méchant de Pirates des Caraïbes, c’est pas de la tarte ! Et tu t’en sors plutôt pas mal. Ton histoire te précède : le boucher des océans sans pitié, s’étant juré de terrasser tous les pirates des mers pour venger la mort de son père, j’approuve ! Ton look est d’enfer ! Pirate zombie version 2.0 (il faut dire que ceux du premier volet n’étaient pas foufous !), le visage craquelé par les cicatrices dû au feu qui t’a jadis consumé, les cheveux suspendus en l’air, flottants sans brise, avec un équipage décimé, un bateau bien stylé, de féroces animaux de compagnie plutôt utiles (on a toujours besoin d’un petit requin-zombie sous la main !) et des compétences divines (bah ouais c’est qu’il marche sur l’eau le bougre !) tu avais tout pour faire un grand méchant de l’histoire ! Mais à l’image du film entier, ce grand potentiel est gâché par des scènes peu nombreuses et peu intéressantes qui ne te rendent pas honneur. Le bureau des réclamations des méchants c’est par là-bas, avec Grindelwald, Thanos et le leader suprême Snoke !


Barbossa


Aaaah mon cher Barbossa ! Cette saga t’aura tout de même utilisé jusqu’au bout du bout ! Méchant charismatique et capitaine du Black Pearl dans le premier volet, ressuscité, pirate fou-rageux et seigneur de la confrérie des pirates dans le troisième film, pour finir corsaire au service de sa Majesté dans le quatrième opus, ce dernier film tire encore un peu plus sur la ficelle. Tu redeviens pirate pour ton compte, et quel homme puisque tu gouvernes tous les océans avec la chute des grands méchants de ce monde et la dégringolade symbolique de Sparrow. Tu rencontres la fille que tu avais lâchement abandonné sur le perron d’un orphelinat il y a des années de cela, et apprenant à l’aimer au bout de 10 minutes de vogue ensemble, tu lui donnes ta vie dans le plus injustifié des sacrifices de l’histoire du cinéma… Un bien beau pirate qui s’en va rejoindre le monde des morts…à nouveau… Poils de couilles !


Les deux petits nouveaux !


Sacré Henry Turner, c’est que tu ressembles vachement à ton père tu sais ! Lui aussi avait la fâcheuse habitude de nous faire chier à l’écran avec ses histoires de paternel à sauver et d’amour en détresse ! Enfin bon, même si on ne te laisse pas trop le temps de nous montrer ce que tu sais faire, on se rend bien compte que tes intentions sont valeureuses. Tout comme ta go ! Elle a beau nous ébouillanter le système nerveux avec ses histoires d’étoiles à deux balles, sa fougue et son franc parler font honneur à la condition féminine qu’elle semble tant défendre. Un joli couple, qui finirait dans les méandres des histoires à deux ronds avec la sirène et son calotin du quatrième opus si ça ne tenait que de moi.


Les revenants


Voilà, c’est là qu’on dit non, non et NON ! Teaser le grand retour de Will Turner et Elisabeth Swann c’est bien beau, mais si c’est pour les faire apparaître 2 secondes à l’écran, on dit tous NOON ! Quel gâchis…mon Dieu… Will Turner, le nouveau capitaine du Hollandais Volant, a une classe folle, c’est indéniable !! Et vous le détruisez complètement… De un, dans la scène d’introduction on le voit apparaître le visage recouvert de fruits mer, sous-entendant clairement qu’il a renié sa mission de conduire les morts dans l’au-delà. ÇA MÉRITERAIT QUAND MÊME UNE PETITE EXPLICATION ! NON ?! On le revoit à la fin, libéré de la malédiction du Hollandais Volant (l’histoire la plus cool de toute la saga by the way) rejoindre sa dulcinée sortie de son terrier de lapin pour le grand retour de son amour de toujours. Vraiment pathétique. Des gens sont sortis de la salle durant cette scène !! On comprend pourquoi !!


Les petites têtes connues


En revanche, c’est dans les rôles secondaires que le film se débrouille plutôt bien ! On revoit notre cher Gibbs, qui avait pris du galon dans le quatrième film, et qui revient ici plus en forme que jamais ! Son duo avec Scrum, le moussaillon de l’équipage de Barbe Noire, marche très bien et donne lieu à de bonnes blagues bien cool ! On retrouve également le nain, Marty, présent dans l’équipage de Jack depuis le tout premier film ! Et les grands fans du Hobbit qui ont l’œil pourront reconnaitre Ori, un des nains de la compagnie de Thorin (celui un peu bêta avec son lance-pierre, vous savez !), dans la troupe qui suit Jack dès le début du film. Enfin, les fans hardcore de la franchise se seront amusés à reconnaître les deux anciens soldats de la marine de Port Royal (vous savez, ceux qui se prenaient la tête dans le premier film, laissant à Sparrow l’opportunité de monter à bord de l’Intrépide !) dans l’équipage de Barbossa. Source de comique de situation, de gestes et de langage, les personnages secondaires marchent tous plutôt bien, et c’est sûrement ce qui sauve le film.


L’humour, parfois un peu lourd ?


Parfois ? Non, non, non, on est sur du systématique dans ce film-là ! La plupart des blagues tournent soit autour d’une condition féminine peu ragoûtante, soit autour d’une mocheté à l’horizon (pitié, tuez-moi avant que je ne revoie la scène du mariage… c’est louuuurd !). Mais bon, on ne va pas se le cacher, ça nous plait quand même un peu…beaucoup ! Même si certaines blagounettes trainaient en longueur, elles étaient tout de même bien réussies et nous faisaient sourire, si ce n’est rire à gorge déployée. Le coup de l’ongle de pied de 6 centimètres de long qu’il faut arracher au pauvre Scrum pour sortir de prison, ou la passation de pouvoir de Gibbs à ce dernier pour ne pas se faire maraver par les forces anglaises, on est sur du bel humour Pirates des Caraïbes !


De la roublardise ?


Madre Mia… Ce nouveau film sur les pirates est aussi roublard qu’une partie de poker entre voisines dans Desperate Houswives… Bazar de bazar, c’était ça l’âme de la saga à la base !! Des coups dans le dos, des trahisons, des mensonges, des vols, des tricheries, des mutineries, des assassinats… Des pirates quoi !! Les héros comme les grands méchants se confrontaient à cette règle, et même Will, à l’honneur pourtant intouchable, tramait ses petites manigances dans son coin, c’est pour dire ! Dans ce nouvel opus, c’est le désert de la roublardise… Jack Sparrow fait l’idiot pendant que Barbossa mène sa petite vie de roi des pirates et que Salazar cherche à assouvir sa vengeance. À ce niveau c’est un zéro pointé et ça fait mal au cœur…


Des scènes d’action aussi irréalistes que dantesques ?


Aaaah ! Là je vous retrouve les gars ! On ne se le cache pas, la saga Pirates des Caraïbes n’a jamais au grand jamais été réaliste dans ses scènes d’actions ! On cherche juste l’idée la plus folle à mettre en œuvre pour divertir au plus le grand public ! Entre le duel à trois sur une roue de moulin, le saut à la perche en étant ligoté à celle-ci ou le combat naval dans un siphon marin géant, tout est fait pour nous replonger dans le parc Disney à grandes sensations ! Et cet opus ne manque pas à son rôle. Il nous propose un pillage de banque qui traîne le bâtiment attelé à des chevaux sur la moitié de la ville, une scène de décapitation rocambolesque et une mer qui s’ouvre en deux. Pas mal le pitch ! Même si j’attendais un troisième acte vraiment épique, comme le proposait les films précédents, les scènes d’actions envoient du pâté et nous divertissent plutôt bien !


Une fresque épique ?


Eh oui, Pirates des Caraïbes c’est aussi un mélange (pas subtil du tout pour le coup) de toutes les légendes des mers possibles et inimaginables ! Après la légende de Davy Jones, les pirates-zombies, Calypso, la confrérie des seigneurs-pirates, le kraken, les sirènes, la fontaine de Jouvence, j’en passe et des meilleures, ce cinquième opus se tourne très légèrement vers la mythologie grecque et nous tease l’existence d’un artefact surpuissant : le trident de Poséidon, dont le seul moyen de le trouver est de déceler le secret de la carte qu’aucun homme ne peut lire. Sur le papier ça sonne bien ! D’autant plus que l’histoire est liée à celle de Salazar, le plus grand chasseur de pirates espagnol, revenu d’entre les morts pour mettre Sparrow au ban ! Franchement il y avait vraiment de quoi faire une super histoire !


Malheureusement, quand on se penche un peu sur le détail, tout fout le camp ! Vous voulez quelques exemples ? En voilà ! Commençons par ce cher compas ! Rappelez-vous, il n’indique pas le Nord, mais la direction de ce que son porteur désire le plus au monde. On apprend ici que c’est le dernier objet qu’a légué son capitaine à Jack avant de mourir. Pourquoi donc ? Ça on n’aura jamais la réponse ! Le fait est que ce compas est lié à l’emprisonnement de Salazar dans le triangle du diable. En effet, si Sparrow vient à se débarrasser de cet objet, Salazar se verrait libérer de sa prison ! Comment et pourquoi ? On n’en sait toujours pas plus ! Mais bon, mettons. Le hic, c’est que Sparrow c’est débarrassé à de nombreuses reprises de son compas dans la saga ! Le passant à Elisabeth pour qu’elle trouve le cœur de Davy Jones, le passant à Will pour qu’il marchande avec Beckett, sans oublier qu’il était très clairement sous-entendu qu’il avait reçu ce compas de la part de Tia Dalma, enfin bon, s’il n’y avait que ça…


La plus grande absurdité scénaristique de ce film reste bien ce fucking trident de Poséidon. Déjà il ne ressemble à rien ! Je ne veux pas jouer les petits cons, mais sincèrement il est vraiment vraiment moche ce truc ! De deux, les scénaristes ont vraiment pensé que c’était une bonne idée d’intégrer à cette saga, qui transpire le surnaturel par tous ses pores, un objet qui pourrait annuler tous les effets magiques du monde ? Vous allez faire quoi dans le prochain film du coup ? Une course de poneys ? Et pour finir, cet artefact aurait été tellement plus utile dans les opus précédents de la saga. Genre quand Beckett voulait contrôler l’océan et protéger ses concitoyens de tous ses effets surnaturels, ou que Will voulait délivrer son père de la malédiction du Hollandais Volant…


Et le piiiire du pire reste la scène post générique… Pourquoi ? Mais pourquoi tenez-vous vraiment à faire revenir le méchant le plus classe de la saga de cette manière ?? Qu’est-ce que ça veut dire en plus ? Que la destruction du trident n’a pas marché ? Que Will se fait hanter dans son sommeil parce qu’il n’a pas mené sa mission à bien ? C’est tout pourri comme cliffhanger, ça n’a aucun sens !! Laissez Davy Jones tranquille, il ne vous a rien fait !


Enfin booon, une bonne chose que j’ai apprise avec les films Pirates Des Caraïbes c’est de ne pas trop s’attacher à la cohérence scénaristique, car elle peut rapidement voler en éclat. C’est pour ça que je reste indulgent sur ce point avec ce film.


En conclusion, ce cinquième opus avait vraiment un sacré potentiel de fou : un méchant avec une grande classe, le retour de la sainte trinité de Pirates des Caraïbes avec Will et Elisabeth, des nouveaux persos qui pouvaient être intéressants, un début de film qui part super bien et une histoire qui peut faire rêver… Mais pataplouf… On reste néanmoins sur un bon divertissement, qui nous rappellera l’âge d’or des années 2000 et nos costumes de pirates maintenant bien trop petits pour être enfiler.


Retrouvez cette critique dans son intégralité (photos, vidéos, anecdotes...), ainsi que plein d'autres surprises, sur mon blog : https://jadooore.wordpress.com/tag/pirates-des-caraibes/

QuentinRoux1
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le 17 août 2017

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