Tout est déjà là, en jachère, dans ce premier film mal dégrossi qui en remontre pourtant à pas mal de premiers films. Le spectateur navigue entre deux eaux mouvantes, entre désespoir terrible et hilarité bienvenue car Gérard Jugnot, réalisateur, ne choisit jamais entre la comédie sociale "à l'italienne", précise et sans pitié et la comédie pure où les bons mots fusent et où les portes finissent le plus souvent dans la gueule de ses anti-héros. Il pose tout là, en vrac. Pour le polissage et le vernis, on verra plus tard. On notera cependant l'acuité incroyable dont Gérard Jugnot, scénariste, fait preuve pour traiter de ce corps de métier, pour retranscrire si justement son phrasé propre, ses expressions uniques, sa vie de groupe si caractéristique (il faudra attendre L.627 pour retrouver un tel réalisme et une observation quasi documentaire). Mais l'essentiel pour lui, c'est surtout de marquer son territoire, balancer ses intentions, présentes et à venir. Pinot simple flic sonne comme une profession de foi.
Et c'est peu de dire que, rétrospectivement, en sachant que 7 ans plus tard, le bonhomme accouchera du précieux Une époque formidable... (soit l'un des 10 chefs-d’œuvre français de la comédie dite populaire), on ne peut qu'applaudir l'entreprise. On ne le dira jamais assez : "Bravo Jugnot simple réalisateur !"