Régressif

C'était sympa, mais je n’ai pas été franchement convaincu par ce remake live de Pinocchio. Il faut dire que les originalités et les contradictions visuelles du grand classique sont plus faciles à appréhender en dessin animé. Cette version est beaucoup trop proche du film de 1940, jusque dans ces moindres maladresses.

Les éléments « bonus », les ajouts, ne sont pas toujours nécessaires. Le personnage de Fabiana, par exemple, est tout à fait superflu, et ne semble être intégré à l’histoire que dans l’espoir d’une éventuelle et hypothétique suite (c’est comme ça que je l’ai perçue en tout cas). Sofia, la mouette, n’est pas non plus vraiment nécessaire, même si sa présence corrige une zone d’ombre du film initiale.

Les chansons d’origines sont sympas à redécouvrir, les nouvelles sont d’une fadeur consternante.

J’ai apprécié l’ambiance magique et ensoleillée de l’univers. J’ai aimé la prestation de la doublure française de Benjamin Evan Ainsworth (qui joue Pinocchio). À part cela, je ne peux pas vraiment dire que j’ai apprécié le casting. Tom Hanks m’a laissé tout à fait indifférent. Cynthia Erivo ne m’a pas convaincu, et je regrette que l’on ait seulement eu droit qu’à un extrait de la chanson phare du film. Luke Evans était une surprise dont je me serais passé. J’ai trouvé sa prestation tout à fait anecdotique. Bref, je ne suis pas convaincu par le casting.

Certaines séquences m’ont vraiment gâché le spectacle. Les effets spéciaux mettant en scène Monstro (pourvue d’étonnants tentacules ridicules), et notamment l’aspect de la barque, emporté par les vagues déchainées, sont complètement éclatés. C’est bien simple, on dirait que le secteur à régresser de 30 ans d'acquis techniques. La séquence initiale, qui est de toute beauté, est amplement préférable.

J’attendais avec impatience la séquence de la plongée sous-marine de Pinocchio, et la découverte du monde aquatique colorée, mais le film occulte tout simplement ce passage. À la place, nous avons droit à une séance de jet-ski à bout de mouette. OK, c’est un peu plus moderne, mais on ne peut pas dire que ça s’intègre très bien au résultat final. Tout comme la transformation de Pinocchio en moteur ultra puissant pour sa barque (franchement, je ne vais même pas commenter ce passage).

Par ailleurs, si les incohérences du dessin animé semblent avoir été corrigé, de nouvelles apparaissent dans ce remake, avec par exemple un Gepetto qui créé des horloges, mais qui ne les vend pas. Il est con ou quoi? Étrange pour un artisan tout de même. Cette particularité a beau être justifié on a tout de même du mal à comprendre sa logique.

L’apparence de Jiminy Cricket et de Pinocchio est si proche de leurs équivalents dans l’œuvre originel que ça en devient ridicule. J’aurais préféré une approche plus réaliste des personnages. Enfin, Grand Coquin et Gédéon enfoncent le clou de la confusion visuelle, avec une définition d’animaux anthropomorphes comme dans le classique. La différence était déjà difficilement acceptable (en ce qui concerne la cohérence de l'univers décrit) dans le dessin animé, mais c’est encore pire ici. En ce qui me concerne, j’aurais préféré de véritables acteurs en chair et en os.

Bon, en fait, je me rends compte en écrivant ma critique que le film ne m’a pas vraiment plu. Pour être honnête, je vais conclure tout de même sur l’efficacité du spectacle, qui s’avère tout de même hautement divertissant. J’aurais aimé plus de soins dans la narration et le visuel, avec une idée mieux définie, que ce simple faire valoir en prise de vue réelle, mais les enfants devraient apprécié, et les grands, avec un peu de paresse, pourrait réussir à trouver matière à rêver.