Picture Particles
8
Picture Particles

Court-métrage de Thorsten Fleisch (2014)

Du néo Brakhage, 24 épileptiques images par seconde.
C'est pour moi la meilleure représentation de ce qu'est le cinéma : du celluloïd.


Hé oui dès 1929 Vertov nous faisait sortir de son récit pour nous prouver que tout ça n'est que fiction, tout ça n'est que vision, de pâles copies de la réalité impressionnées sur une surface sensible, cette matière plastique très inflammable nommée celluloïd et plus communément appelée pellicule.


Pas de scénario, pas d'acteurs, pas d'histoire, mais de la poésie tout de même, elle réside dans l'unique réalité du cinéma : ce n'est pas du mouvement, ce n'est pas du temps.


"Le cinéma c'est filmer la mort au travail", cela n'a jamais été aussi vrai quand on voit ces images super 8mm abîmées par le temps, les rayures, la chaleur des projecteurs qui suite aux nombreux visionnages du film a fait virer les couleurs et gonfler le plastique, ce perpétuel grain qui grouille dans ces images mortes, appartenant dorénavant à un passé plus ou moins lointain, mais qui est aujourd'hui inaccessible.


Ce film est un cimetière du cinéma, là où se retrouvent toutes les chutes de pellicule abandonnées. Et nous les contemplons telle la preuve d'une existence, une trace quelconque qui elle seule sait qu'elle a existé.


Et ce son, comme si toutes les bandes magnétiques furent rayées à un point où plus rien n'est audible, un constant sifflement homogène, comme cette route pavée devenue lisse après tant de passages, cette bande VHS illisible après tant de rembobinages et de réenregistrements, cette falaise rongée par l'érosion.


Ce court-métrage est un chef d'oeuvre, et bien plus encore : C'est un témoignage de l'une des plus grandes et plus belles inventions de la fin du XIXème siècle.

WannaFight
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Journal d'un cinéphile en 2015

Créée

le 28 sept. 2015

Critique lue 351 fois

6 j'aime

3 commentaires

映 画

Écrit par

Critique lue 351 fois

6
3

Du même critique

Picture Particles
WannaFight
10

De la finalité du cinéma.

Du néo Brakhage, 24 épileptiques images par seconde. C'est pour moi la meilleure représentation de ce qu'est le cinéma : du celluloïd. Hé oui dès 1929 Vertov nous faisait sortir de son récit pour...

le 28 sept. 2015

6 j'aime

3