C'est New-York ici, on va pas se laisser impressionner par un dingue
de plus.



Phantom Boy est le deuxième long métrage réalisé par Alain Gagnol et Jean-Loup Felicioli qui fait antérieur du succès de leur première création "Une vie de chat" qui eut une vingtaine de nomination dans plusieurs prix, comme les Oscars en 2012, L' European Film Hawards, le London film festival et bien d'autres encore, rempilent à nouveau pour mon plus grand plaisir.


Le plus grand point fort de Phantom Boy, et qui peut être justement pour certains le plus gros point faible, vient du design des dessins. En effet, ils sont pour le moins à l'opposer des schémas de comics ou manga et tiennent plus dans l'esprit d'un "Tintin" ou "Tif et Tondu". Le plus intéressant vient des ébauches qui sont toutes crée de façon artisanale, c'est-à-dire intégralement "fait main" dans le même style que celui "Une vie de chat".


Les réalisateurs ont pour ma par fait un choix très judicieux en réalisant à la main sur du simple papier, s'en faire intervenir l'informatique de manière abusée. C'est vraiment une touche importante, et identitaire, qui fait comprendre que le dessin traditionnel n'est pas encore mort et peut livrer un travail superbe. Ajoutons à cela un style graphique de mise en scène particulier qui prend le parti de montrer une "patte" authentique.


Une belle signature qui permet surtout de rappeler que les films d'animation ne sont pas que des simples produits de consommation, mais bien le résultat d'un travail acharné et minutieux d'une équipe d'artistes. Un choix totalement assumé qui ajoute du cachet et bonifie le tout dans un sacré coup de crayon du duo. La mise en action des différentes séquences est stylisée et frappe de technicité par cette vu souvent en hauteur ou en contre profondeur.


Il y a une étoffe mince et légère sur le physique des personnages que j'aime beaucoup, avec cette ombre en constant mouvement sur leurs visages. Les traits sont simples mais honnêtes et attendrissants, il y a un côté abstrait je dirais. Les déplacements et autres mouvements des différents protagonistes sont d'une fluidité surprenante.


Les différents décors de New York sont bien retranscrit et lorsqu'on sait que les dessins de cette ville sont tirée à partir de simple photos actuelle de cette fameuse ville c'est assez bluffant. Surtout que beaucoup de bâtiments sont réajustés comme si on avait faits un bon dans le temps tout en respectant l'époque actuelle.


Il est intéressant de voir que la technique utilisée pour faire les décors sont différent de celle-ci mise en place pour faire les différents personnages, du coup les protagonistes se différencient magnifiquement des paysages et autres bâtiments. J'ai beaucoup apprécié la conception des décors qui est faite en partie à la craie et à la cire sur papier avant d'être retravaillé pour la mise en scène mais le tout sans gommer les traces des coups de crayon et de craies, cela instaure une vraie douceur et une authenticité dans les couleurs .


Pour ce qui est du scénario là aussi ça tape fort, Alain Gagnol et Jean-Loup Felicioli entremêlent habilement dans leur histoire des éléments typiques des films policiers et autres polars sous un fond d'innocence. Les deux genres se mélangent parfaitement et forme une sorte de conte imaginaire urbain noir et coloré à la sauce Spirou dans ces intrigues les plus sombres.


L'on sent bien que l'inspiration des deux cinéastes vient de polars noirs à la française, avec un rappel des oeuvres de Jean Gabin, pas d'excès d'action, pas d'affrontement titanesque, juste un récit polar dramatique fantastique empreint d'une réalité assez frappante. Un condensé qui font de ce dessin animé, un film policier adressé aux enfants.
C'est drôle, frais, mais aussi émouvant, triste, et courageux. On assiste avec plaisir à un dosage unique de fiction poétique, mais aussi à une vraie enquête policière noire, revu et retravaillé pour que cela parle même au plus jeune.


Il est étonnant de retrouver quelques thématiques adultes très nuancées qui apporte bon nombre de questionnements très profonds avec un sujet rarement mis en avant dans ce genre de récit adressé au plus jeune, "la maladie".


Notre jeune héros est un type de super héros particulier vu qu'il est atteint d'un cancer. Cette particularité est formidablement mise en avant, ça en est même brillant et ludique puisque cela fait comprendre que même atteint de maladie grave un enfant continue de rêver et se refuse d'être exclu, voulant simplement vivre et ne pas être mis à l'écart.


Phantom Boy à une formidable manière de faire passer certains messages et laisse prendre conscience que le pouvoir du rêve par l'esprit est toujours plus puissant que la maladie. Les personnages sont tous super-sympathique, même le grand méchant de l'histoire qui au passage à gagner le prix du meilleur méchant pour un anime français en 2015. L'homme au visage cassée, qui a un physique pour le moins atypique. Il me fait un peu penser au Joker avec bien entendu une approche plus édulcorée.


*Léo, alias Phantom Boy,***est vraiment un personnage attachant ,jeune héros malade possédant une faculté hors du commun ,je ne sais pas pourquoi mais il ne cesse de me rappeler le personnage emblématique **"Tintin".
Alex Tanguy le bon flic par excellence est mon personnage favori, il a un côté apaisant, pourvu d'un charisme étonnant. La relation entre lui et le jeune Léo est touchant et sincère. La journaliste Mary Delauney est elle aussi assez plaisante, une parfaite journaliste tirée d'un feuilleton à la Navarro ,ou Julie Lescaut.


Les doublures de voie sont parfaitement bien choisies, que se soit Edouard Baer (pour Tanguy), Jean-Pierre Marielle (pour l'homme au visage cassé), ou même Audrey Tautou (pour Delauney) ça le fait très bien, ils réussissent à pourvoir leurs incarnations d'une âme.


La bande originale de Phantom Boy est composée par Serge Besset, qui avait déjà travaillé avec "Alain Gagnol et Jean-Loup Felicioli" en composant la bande originale d’"Une vie de chat" que je conseille aussi. La musique n'est pas transcendante mais propose une rythmique intéressante, principalement avec les symphoniques basées sur les moments aventureux de l'histoire.
La plus belle musique utilisée est celle où Léo fait appel à ses pouvoirs et devient un esprit, la musique des chœurs d'enfants utilisée pour ses séquences renforce l'étrangeté de son pouvoir et lui donne un aspect imaginaire.


CONCLUSION :


Phantom Boy est un magnifique film animé dont je suis fier de dire que c'est du made in Français! Adressé à un public familial sans pour autant être désuet de toute substance, qui puise son style au travers de deux hommes qui ont su s'affranchir du format standard pour proposer quelque chose à part entière. Très touchant et marrant à la fois et doté d'une réelle sincérité, ce long métrage n'est à aucun moment ennuyant et joue parfaitement avec l'aspect enquête et super-héroique et nous fait passer un agréable moment. Ne vous laisser pas rebuter par le design des dessins car c'est une oeuvre à part entière qui possède bien des qualités .

B_Jérémy
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le 24 nov. 2018

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