La cohérence de Phantasmagoria est à chercher dans chaque histoire plutôt que dans l'ensemble (où seul le mystère serait le point commun, tout comme l'angoisse habitait Trois visages de la peur). Chacune amorçant une tentative dans le fantastique ou l'horreur, mais toujours en tâchant de développer l'ambiance. La première est la plus faible, mais elle parvient néanmoins à fonctionner avec sa bande originale, suffisamment pêchue dans l'électro pour donner au récit parano le soupçon d'ambiance nécessaire à son décollage. Avec une photographie qui rappelle le Tobe Hooper de Massacre à la tronçonneuse, la forme est le point fort du film, le fond restant léger et un peu trop commun pour convaincre (ce qu'il traite a déjà été vu, plusieurs fois).
La seconde histoire monte clairement le niveau, et force davantage son esthétique à retourner vers l'imagerie du giallo, avec des éclairages surréalistes et un cadrage fétichiste. Une démonstration technique un peu voyante qui permet de faire passer le dépouillement du décor (des pièces un peu meublées) et de mettre en premier plan son intrigue fantastique s'attachant à dépeindre une histoire de famille un peu glauque. A un début classique succède un développement qui l'est beaucoup moins, offrant alors le quota de surprise en soignant le développement de son intrigue, tentant de planter une ambiance gothique.
Le dernier segment fait la moitié du film, signe de l'ambition qui l'anime. Il préfère être clair et se planter direct comme un giallo moderne, avec en ouverture un meurtre fétichiste aux éclairages complètement psychédéliques et un usage du rasoir qui ne surprendra personne. Le petit suspense du film réside dans l'identité du coupable, puisque les deux protagonistes masculins sont tous les deux assez louches. Le tenancier pour ses penchants homosexuels appuyés (au premier regard, on est au courant), et le voyageur pour le flou de la situation initiale l'entourant, associé à un bon dosage de codes cinématographiques (de légers détails louches dilués dans le flot d'avances envahissantes de notre maître d'hôtel un poil efféminé. En sachant que le tueur s'habille en robe à voile noire, on est sûr de ne pas être déçu en voyant leur trombine d'italiens bien taillés. Et avec son sens du détail, le film parvient plutôt bien à tenir la distance. Malheureusement, quand le film essaye de convoquer les sentiments, le jeu assez limité des acteurs ne permet pas l'immersion du spectateur. Il n'empêche qu'avec son petit côté Mario Bava et son côté Silence des agneaux (l'un des deux protagonistes a une certaine ressemblance avec Buffalo Bill), cette troisième histoire est la meilleure, et gère honnêtement ses maigres moyens pour offrir un petit divertissement bis honnête.
Avec son narrateur en pâte à modeler qui n'apporte pas grand chose en intermède (c'est Les contes de la crypte sans l'humour), Phantasmagoria reste néanmoins un petit divertissement attachant, qui gère ses maigres moyens avec un certain savoir faire, et utilise de vieilles recettes pour réaliser des histoires classiques efficacement menées. Pas de réinvention, mais un travail sincère, qui offrira aux bisseux une heure vingt de divertissement appréciable.



(film visionné grâce au site Church of nowhere)

Créée

le 23 mars 2015

Critique lue 386 fois

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Voracinéphile

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