J'ai vu le film en avant première, en présence de la réalisatrice Danielle Arbid et de l'acteur Vincent Lacoste, et j'ai très clairement pris une claque en voyant ce bijou. Une claque visuelle : la photographie est parfaite, avec un très beau jeu sur les lumières, notamment lors des scènes de boîte de nuit ou lors des cours dans la fac. Une claque sur les acteurs : Manal Issa est bouleversante, grave et insouciante à la fois, on rit et sourit avec elle et on déambule dans Paris en même temps qu'elle. Les trois acteurs qui découpent le film en trois parties, les trois rencontres déterminantes pour la vie de Lina, ses trois amours : Jean-Marc, l'homme d'affaires en quête de "petite jeune", joué par Paul Hamy (j'avais déjà remarqué cet acteur épatant dans Un Français de Diastème aux côtés d'Alban Lenoir), de Julien, le camé dealer passionné de musique et par les States, joué par Damien Chappelle et enfin Rafaël, le communiste-journaliste des faubourgs aisés qui est interprété par le jeune Vincent Lacoste, qui arrive ici à se défaire de son éternelle image de gamin puceau des Beaux Gosses. Ce film est un bijou rendant hommage à la France, à Paris, aux années 90, à Guy Debord et à Manet. Assez large programme, n'est-ce pas ? La bande-originale (ce qui m'avait attiré, c'est quand j'ai entendu Pendant que les champs brûlent de Niagara dans la bande-annonce qe j'avais eu envie de voir ce film) est parfaite : Noir Désir, Étienne Daho, Niagara, Frank Black, manquerait plus que Bowie. La performance de Manal Issa est incroyable, tant elle rayonne tout en gardant ce sérieux. Les scènes de cours à la fac sont exceptionnelles, avec ces professeurs, notamment la femme qui prend Lina sous son aile (qui est inspirée d'une vraie professeur de Paris III de la réalisatrice) qui incarne une forme de protection maternelle et d'une ouverture à la culture, tout ce que recherche Lina. En résumé, une grosse claque, un film excellemment bien réalisé et au sujet prenant. (mention spéciale aux costumes : les jeans mom taille haute et les cols roulés = la tenue que je portais quand je suis allée voir le film, ce qui prouve que la mode n'est qu'un éternel renouvellement !)

CFournier
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le 4 févr. 2016

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Coline Fournier

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