Il y a quatre ans, Dernier train pour Busan avait bizarrement fait son petit effet sans que, bizarrement encore, grand monde ne trouve à redire sur les scories pourtant évidentes du film. Au moins avec Peninsula, son prolongement direct, le problème est réglé : le film est clairement nul et n’échappera pas, cette fois, à la vindicte critique. Fini le scénario qui louchait ostensiblement vers World war Z. Peninsula, lui, prend des (grands) airs de Mad Max et de New York 1997 en concoctant une intrigue invraisemblable (trouver un camion remplit de dollars dans une mégapole infestée de zombies au cœur d’une Corée du Sud désertée et mise en quarantaine) qui, d’entrée de jeu, ne convainc pas (pour rester poli) malgré le spectacle a priori régressif (bas du front ?) qu’elle était en mesure de nous proposer.


Yeon Sang-ho ne s’embarrasse guère, là où on pouvait éventuellement, en cherchant bien, en trouver dans Dernier train pour Busan, de subtilité et de rigueur narratives. Il en va de même des personnages, pour la plupart écrits à la truelle, inconsistants et/ou tête à claques, et auxquels il est tout simplement impossible de s’attacher. Autant dire que le film, en à peine dix minutes, se transforme en presque deux heures de pur cauchemar. On sauvera néanmoins de la gabegie les épreuves façon "jeux du cirque" où, dans une arène humide et pendant deux minutes, des prisonniers tentent de survivre face à des morts-vivants toujours aussi véloces et toujours aussi voraces.


Visuellement enfin, c’est, si c’est possible, tout aussi cauchemardesque (et ça l’est). Tout respire, expire et transpire le fond vert et les CGI désastreux, et aura-t-on vu dernièrement, quelque part, aussi laid que ces poursuites numériques en voitures numériques dans des décors numériques où l’on a la (très) désagréable impression d’assister à une démo de jeu vidéo (quitte à s’inspirer de Mad Max, autant le faire jusqu’au bout en proposant des cascades en live action) ? Cerise sur le gâteau, et comme dans Dernier train pour Busan, Yeon Sang-ho ne peut s’empêcher de verser dans le pathos le plus épais (voire, à ce point de pathos larmoyant, le plus terrifiant) en fin de parcours, achevant de faire de Peninsula une splendide catastrophe nanardesque.


Article sur SEUIL CRITIQUE(S)

mymp
2
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Flop 2020

Créée

le 14 oct. 2020

Critique lue 534 fois

8 j'aime

mymp

Écrit par

Critique lue 534 fois

8

D'autres avis sur Peninsula

Peninsula
Behind_the_Mask
7

Quand la ville mord

Quoi ma gueule ? Qu'est ce qu'elle a ma gueule ? Quelque chose qui n'va pas... Elle ne te revient pas ? Apparemment non, vu la moyenne piteuse que je me paye sur Sens Critique... Par contre, faudrait...

le 20 oct. 2020

39 j'aime

10

Peninsula
AlrickTalife
3

Grossier Bourrin Pour Cocaïnomane

Quatre ans après le très réussi 'dernier train pour Busan', qui avait réussi à s'imposer sur le marché occidental comme un huis-clos horrifique prenant et réaliste, notamment en parvenant à...

le 28 août 2020

24 j'aime

2

Peninsula
EricDebarnot
3

Putréfaction du cinéma populaire sud-coréen

On avait été avertis : "Peninsula", malgré - ou à cause de - son énorme succès populaire dans la... péninsule coréenne, ce n'était pas terrible. C'était largement en dessous du "Dernier Train pour...

le 23 oct. 2020

17 j'aime

9

Du même critique

Gravity
mymp
4

En quête d'(h)auteur

Un jour c’est promis, j’arrêterai de me faire avoir par ces films ultra attendus qui vous promettent du rêve pour finalement vous ramener plus bas que terre. Il ne s’agit pas ici de nier ou de...

Par

le 19 oct. 2013

180 j'aime

43

Killers of the Flower Moon
mymp
4

Osage, ô désespoir

Un livre d’abord. Un best-seller même. Celui de David Grann (La note américaine) qui, au fil de plus de 400 pages, revient sur les assassinats de masse perpétrés contre les Indiens Osages au début...

Par

le 23 oct. 2023

166 j'aime

14

Seul sur Mars
mymp
5

Mars arnacks!

En fait, tu croyais Matt Damon perdu sur une planète inconnue au milieu d’un trou noir (Interstellar) avec Sandra Bullock qui hyperventile et lui chante des berceuses, la conne. Mais non, t’as tout...

Par

le 11 oct. 2015

161 j'aime

25