Film emblématique de l'histoire britannique, premier film dans lequel Diana Dors (la Marilyn Monroe anglaise) n'occupe plus un rôle cantonné à la bombe sexuelle peroxydée, et support de choix qui contribua à faire de l'exécution de Ruth Ellis la dernière au Royaume-Uni. "Yield to the Night" a perdu une partie sans doute substantielle de son charme aujourd'hui, et ce au niveau des deux parties qui le composent : la description des derniers jours d'une femme en prison, dans le couloir de la mort, et la description en flashbacks des raisons qui l'on conduite à assassiner une femme — on apprendra qu'il s'agissait de l'amante de l'homme qu'elle aimait, ce dernier s'étant suicidé pour une autre.


Cette seconde dimension, l'histoire d'amour qui conduit au drame, est très peu engageante car elle souffre de nombreuses fautes de rythme, sans que la composante du drame romantique aide à faire un liant. C'est l'histoire désormais classique de la femme abusée et désabusée par les hommes, qui verra dans une ultime tromperie la goutte d'eau faisant déborder le vase de sa colère. Elle croyait avoir trouvé le grand amour, mais il n'en sera rien, en somme. Pas grand-chose à se mettre sous la dent, si ce n'est cette lettre laissée par le défunt tout juste suicidé, annonçant son geste, adressée non pas à la protagoniste mais à cette fameuse Lucy, via son nom sur le verso de l'enveloppe : un grand moment dramatique, bien négocié.


La seconde moitié se concentre davantage sur ces derniers jours en prison, en compagnie de plusieurs gardiennes plutôt bienveillantes — parmi lesquelles on reconnaît la sympathique Yvonne Mitchell. En attendant la potence, le personnage principal Mary Hilton attend également une éventuelle grâce qui ne viendra pas. En décrivant cette attente morne et interminable, avec la lumière toujours allumée, la porte sans poignée, le bruit des pas dans le couloir, le film développe un argumentaire opposé à la peine de mort, de manière plus subtile que la majorité des films sur le sujet. La présence d'une telle actrice pulpeuse dans un tel contexte est assez originale pour figurer une âme tourmentée. Le quotidien de la prison dans toute sa dimension répétitive et isolante, bien qu'un peu désuet, est l'intérêt principal du film.

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le 13 févr. 2021

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Morrinson

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