Je découvre ce premier long métrage sur Pee Wee après avoir découvert le dernier à ce jour (produit par Apatow). À moins que ça ne soit expliqué dans les oeuvres parues entre les deux citées, il semblerait qu'il y ait une incohérence : dans le dernier film, Pee Wee est présenté comme quelqu'un ne sortant jamais de sa petite ville tranquille, or on découvre ici qu'il a au moins voyagé une fois jusqu'à Alamo. M'enfin c'est pas très grave dans le fond, je préfère que des auteurs se réapproprient un personnage plutôt que de respecter à la ligne prêt tout ce qui a été fait auparavant car souvent cette méthode est un poil trop castratrice. Soit.


Le scénario n'est pas terrible. L'objectif en soi ne me dérange pas, c'est même comique, mais le traitement est assez pauvre. Les conflits sont trop facilement résolus et l'humour est trop peu creusés. L'univers présenté est bizarre aussi : on a Pee Wee qui est complètement fou mais accepté, on a d'autres gens tout aussi fous et puis encore d'autres plus normaux... en fait, on a de tout sans qu'il n'y ait de friction. Cela a des répercussion sur les enjeux qui perdent de leur importance mais aussi sur l'humour qui, en général, fonctionne mieux par contraste (mettez un fou chez des gens normaux, ça fonctionne mieux qu'un fou au milieu des fous). Le côté délirant m'a paru un peu faible également, car ça ne va que rarement assez loin. Le scénario apparaît un peu décousu et pourtant linéaire : le truc, c'est que l'on suit les scènes à la queue-leu-leu, c'est donc linéaire, et en même temps on a l'impression que chaque scène est un court-métrage en soi, avec peu de liens avec ce qui a été dit et fait auparavant. Enfin, il y a pas mal de longueurs dues à un manque d'action (on tourne beaucoup autour du pot en fait) et à un étirement des gags (ce qui, pour ma part, les rend souvent lourd, surtout lorsqu'on étire sans approfondir, comme lorsque le géant tente de frapper notre héros) ; la conclusion est d'ailleurs très très longue, puisqu'elle combine ces deux causes... Il reste tout de même quelques petits moments sympas, comme lorsque Pee Wee vient de se faire voler son vélo et qu'il constate que tout le monde, dans la rue, se balade (heureux) sur son vélo.


Burton a l'habitude de mal choisir ses scénarii mais parvient heureusement à fournir un bon travail scénique. Le soin apporté au décor, au look du film est très plaisant et l'on reconnaît aisément la patte du réalisateur qui parvient toujours à trouver un moyen de mettre des éléments gothiques. Le découpage est également assez efficace ; après visionnage des bonus sur mon DVD, je m'aperçois que tout a été storyboardé, ce qui peut expliquer une telle efficacité. Cela n'empêche tout de même pas une impression de mollesse à cause d'un montage qui manque de dynamisme et de prises de vue trop longues. Les acteurs sont bons mais je constate un manque de continuité dans le personnage de Pee Wee qui est nettement moins bizarre passé la moitié du métrage (tous ses cris, toutes ses grimaces disparaissent) ; n'empêche que ce Paul Reubens a une sacrée gueule et en joue bien, puis sa manière de se comporter et le maquillage qu'il porte le rendent vraiment très très glauque. Elizabeth Daily était bien mignonne à l'époque, c'était avant toutes ses chirurgies plastiques ; dommage qu'elle n'ait pas un plus grand rôle. Les autres acteurs sont corrects, on est dans la surenchère et tout le monde fait bien le boulot. La musique de Elfman fonctionne assez bien aussi.


Bref, mitigé devant le film, le scénario et l'humour ne m'ayant pas vraiment convaincu. Ceci dit, j'ai passé un bon moment devant le bonus présentant le travail du directeur artistique avec des images du storyboard (les dessins sont magnifiques).

Fatpooper
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le 23 oct. 2016

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Fatpooper

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