Cette critique fait partie de la liste CUT (Director's Cut - Extented - Unrated)


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Lien vers la version cinéma:
https://www.senscritique.com/film/Payback/critique/86246163


Petit film dans la carrière de Gibson (surtout après son mega-hit Braveheart, en 1995), Payback existe pourtant sous deux formes assez distinctes l'une de l'autre:
La version cinéma (97') et la version dite "Straight Up" (Director's Cut, 90').


Lorsque Brian Helgeland réécrit une nouvelle adaptation du Hunter de Richard Starck (pseudo de Donald E. Westlake), il se trouve dans le bureau de Richard Donner aux studios Warner tandis que se déroule la post-production de leur film en commun, Conspiracy Theory.
Donner lui demande s'il peut aller dire à Mel Gibson (en post-synchro) qu'il sera en retard. Helgeland s'exécute donc, son script sous le bras. Gibson ( qui était co-star du film avec Julia Roberts) demande à jeter un coup d’œil sur son nouveau scénario et est immédiatement conquis par la lecture du premier acte.


Faisant part de son intérêt à Helgeland, celui-ci lui glisse qu'il aimerait en faire son premier film en tant que réalisateur. Alors Gibson lui indique que si la version finale du script venait à lui plaire, Helgeland obtiendrait alors le poste tant convoité.
Quelques semaines plus tard, Gibson lui fait savoir qu'il a le job.


Le tournage se déroule sans anicroche, mais lorsque la Warner et Gibson lui-même voit le produit fini, c'est le branle-bas de combat: le film est trop sombre et trop violent. Il ne peut donc sortir en l'état.


En 2005, Helgeland est enfin autorisé à remonter le film selon son souhait originel:



  • En premier lieu, il supprime le filtre bleu rajouté en post-prod lors du remontage de 1999.


  • La voix-off explicative rapportée pour donner une "cool attitude" au personnage de Porter, est aussi biffée du Director's Cut.


  • Bronson/Kristofferson est aussi exclu du remontage - revenant ainsi aux racines du script d'origine - et c'est donc le dernier tiers du film qui est reconfiguré pour coller à la trame voulue par Helgeland en 1997.


  • Sans oublier une partie de la BO qui est ou modifié ou réécrite...



Qu'en est-il de ce fameux Straight Up ?


Le Director's Cut (DC) nous présente Porter comme un enfoiré égoïste, uniquement motivé par la récupération de ses 130.000$...pardon, ses 70.000$!
Ses agissements sont brutaux et il semble aussi têtu qu'une brique.


Il n'hésite pas à frapper sa femme pour "appuyer" son point de vue et aucune scène "sentimentale" ne vient enrayer ce polar brut de décoffrage.


De par l'absence de la voix-off envahissante et donnant trop d'informations (par ex, dans la VC, lorsqu'il suit une femme chez elle, écrase la cigarette au sol et défonce la porte, la voix-off nous dit: "Ain't marriage grand?", sous-entendant que cette inconnue est en fait sa femme, alors que nous n'en savons rien du tout dans le DC), Porter nous semble être un homme violent et impulsif, décidé à aller du point A au point B sans aucune entrave.


Le dernier acte du film est bien plus sombre que la version cinéma:


Porter - après avoir dézingué Carter et ses sbires - arrive donc à l'étape finale, c'est à dire récupérer son argent.
Bronson - une femme que nous ne verrons jamais - envoie donc un émissaire avec les 70.000$ mais aussi quelques tueurs en civil.
Porter finira le film en très mauvais état (il délire d'ailleurs quelque peu) et l'image finale est assez ambiguë, pour nous laisser croire qu'il risque de ne pas survivre à ses blessures.


Oh !, le chien ! J'ai failli oublier le chien
Puisque ce montage est plus rough que la version cinéma, lorsque Val tire dans la tête de Porter (le chien), l'on y voit l'éclair du coup de feu et le chien...ben il est mort !


Les deux montages sont agréables au demeurant, mais vous l'aurez compris, ma préférence va nettement au DC, de par son jusqu'au-boutisme et par le personnage de Gibson, sans foi ni loi, qu'à la version Nice Guy sortie au ciné (pourtant, la tagline officielle sur l'affiche est "No more Nice Guy" !
You kiddin' me or what ?


Une intéressante leçon de cinéma que la vision de ces deux versions tellement différentes, d'un même film.

Créée

le 17 mai 2019

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The Lizard King

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