C'est un (pas) beau roman, c'est une (pas) belle histoire [chantez avec la voix de mamie Erneaux qui terrorise des élèves de fac lors d'un cours intitulé "la mort de la littérature" et dont la dernière référence est son ouvrage Passion simple, ndlr].
C'est chiant. C'est vieux. C'est une femme qui se languit, qui subit, et qui croit nous subjuguer par une passion dont on se fiche complètement, passion plate, fade, redondante, rythmée par de faux questionnement sur le féminisme et l'avenir, la parentalité.
Un court-métrage aurait été plus adapté. Il aurait fallu [prononcez "phallus" si vous êtes un amateur de jeu de mots burnesques] filmer le sexe entre Laetitia Dosch et Sergueï Polounine. Le reste n'est que remplissage. On dirait du coloriage d'enfant qui déborde. Le passage moscovite est aberrant.
Laetitia Dosch fait le travail. Elle est une excellente actrice qui n'a pas de chance, c'est tout. Si vous allez voir le film, prêtez attention au fait que son visage n'est jamais semblable à lui-même.
Sergueï Polounine semble jouer son propre rôle : machiste, homophobe, grossophobe. Consultez les articles à son sujet, c'est fascinant. Quelle audace gauchiste que de l'avoir choisi lui ! Dommage que la tête de Poutine qu'il a tatouée entre les deux tétons ait été gommée à l'image... Ça aurait donné une intensité politique au propos métanombriliste de cette création.
D'ailleurs, comme tout le monde est obsédé par sa petite personne, je ne vois pas pourquoi je ne me lancerai pas. Moi aussi je vais vous raconter un bout de ma vie. C'est l'histoire de Faust-in pendant la séance de Passion simple. Faust-in était avec un.e ami.e non binaire. Ils arrivent dans la salle immenssissime de l'UGC Bercy et découvrent une foule démentielle de... zéro personne. Nous nous sommes transformé.e.s en deux Gremlins. Nous avons ri, nous avons commenté, nous avons chanté, nous avons vérifié si Annie Erneaux ne se cachait pas sous un siège, nous avons gloussé devant le bel engin de Sergueï, nous avons fait des recherches Google sur sa possible homosexualité refoulée, nous avons commenté la carrière de Laetitia Dosch. Faust-in a gueulé "je me suis fait avoir", et pas "faitE avoir" en réponse à une réplique de l'universitaire Hélène qui ne semble pas connaître les subtilités de la langue française tout en annonçant la mort de la littérature.
Après la séance et un passage aux toilettes, nous sommes allé.e.s acheter, dans l'atroce petit village de Bercy pseudo-Disney pour classe moyenne ringarde, un Five Guys. Très mauvais rapport qualité prix - et en plus pas de cacahuètes à volonté parce que Covid blabla. Nous avons mangé notre burger insipide devant des canards qui nous harcelaient, et nous avons vu des oiseaux avec des pattes inouïes, mi-reptiliennes.
En chemin pour prendre la ligne 6, nous avons été fasciné.e.s par un être sans âge ni sexe avec un chignon et un début de calvitie.
Nous vivons de passions simples.

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le 21 août 2021

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