Chez Bong Joon-Ho, et en particulier dans Parasite, les héros ne sont pas toujours très intelligents et ne sentent même pas très bon (!) mais ils agissent, s'organisent et se serrent les coudes pour évoluer, avec une énergie et détermination forçant l'admiration.


Alors que le rythme s'accélère plus on avance dans le récit, Parasite alterne les genres, passant avec aisance de la comédie au thriller, du burlesque à la satire sociale ou encore du mélodrame à l'horreur. La progression est fascinante et cette fable se révèle parfaitement construite, tant dans l'écriture (que ce soit les dialogues, personnages ou avancement) que la mise en scène. Bong Joon-ho parvient à créer une atmosphère changeante, souvent ambiguë mais toujours haletante, avec des pics d'intensité et de sensation vraiment prenantes.


Il serait réducteur de présenter le film comme une allégorie de la lutte des classes tant il montre plus et ne se limite pas à ça. Le scénario est fluide, sachant merveilleusement passer d'une situation à une autre et cette chronique familiale est bonifiée par cette alchimie entre écriture et mise en scène. Les personnages sont particulièrement fascinants, et attachants pour beaucoup d'entre eux. Ils sont tous profondément humains, et ce dans tous les sens du terme (l'union de la famille, le mépris des plus aisés à travers de petits gestes, les excès ...), et font de Parasite un film mettant vraiment en scène ce qu'est l'humain.


Les plans sont soignés et recherchés, notamment dans la maison devenant un personnage important au fur et à mesure de sa découverte, Bong Joon-ho sachant jouer avec ces différents aspects. Il fait preuve d'excellentes idées, notamment dans le choix des lieux, des cadrages ou encore techniquement, proposant ainsi de nombreuses images fortes (l'inondation, les premiers cours, les découvertes ...) ainsi que de réelles sensations et une tension tenant d'un bout à l'autre. Enfin, l'auteur coréen peut aussi s'appuyer sur une bonne bande originale, ainsi que de formidables comédiens, à l'image d'un Song Kang-Ho qui magnifie les sentiments unissant les membres de cette famille pauvre.


Bong Joon-Ho signe avec Parasite une oeuvre remarquable et d'une rare intensité, montrant qu'il sait alterner entre de nombreux genres et proposant une fable humaine et sociale qui ne manque pas de sensations, avec une atmosphère fascinante, de nombreuses bonnes idées et une parfaite alchimie entre le fond et la forme.

Créée

le 6 août 2019

Critique lue 3.5K fois

49 j'aime

3 commentaires

Docteur_Jivago

Écrit par

Critique lue 3.5K fois

49
3

D'autres avis sur Parasite

Parasite
AnneSchneider
8

La maison fait le moine...

La septième réalisation du monumental Bong Joon Ho est fréquemment présentée comme une critique acerbe des inégalités qui minent la société coréenne. La lutte, d’abord larvée et de plus en plus...

le 2 juin 2019

269 j'aime

37

Parasite
Vincent-Ruozzi
9

D'un sous-sol l'autre

La palme d'or est bien plus qu'une simple récompense. C'est la consécration pour un réalisateur ainsi que pour le cinéma qu'il représente. Il faut voir les discours de ces derniers qui, émus, avouent...

le 29 mai 2019

229 j'aime

30

Parasite
Larrire_Cuisine
5

[Ciné Club Sandwich] Lisez le premier paragraphe avant de nous insulter parce qu'on a mis 5

DISCLAIMER : La note de 5 est une note par défaut, une note "neutre". Nous mettons la même note à tous les films car nous ne sommes pas forcément favorable à un système de notation. Seule la critique...

le 4 juil. 2019

162 j'aime

23

Du même critique

Gone Girl
Docteur_Jivago
8

American Beauty

D'apparence parfaite, le couple Amy et Nick s'apprête à fêter leurs cinq ans de mariage lorsque Amy disparaît brutalement et mystérieusement et si l'enquête semble accuser Nick, il va tout faire pour...

le 10 oct. 2014

170 j'aime

32

2001 : L'Odyssée de l'espace
Docteur_Jivago
5

Il était une fois l’espace

Tout juste auréolé du succès de Docteur Folamour, Stanley Kubrick se lance dans un projet de science-fiction assez démesuré et très ambitieux, où il fait appel à Arthur C. Clarke qui a écrit la...

le 25 oct. 2014

156 j'aime

43

American Sniper
Docteur_Jivago
8

La mort dans la peau

En mettant en scène la vie de Chris The Legend Kyle, héros en son pays, Clint Eastwood surprend et dresse, par le prisme de celui-ci, le portrait d'un pays entaché par une Guerre...

le 19 févr. 2015

151 j'aime

34