Ah,l'Afrique,quel beau continent de merde,surtout depuis la décolonisation!Pas étonnant que la plupart de ses habitants veuillent se barrer,généralement ,et bizarrement,pour se précipiter chez leurs anciens colonisateurs.Ici,nous avons un groupe de clandestines nigérianes, vendues par leurs familles à un réseau de prostitution,qui arrivent au Maroc.Ca ne loupe pas,les passeurs,une fois payés,les abandonnent en plein désert,non sans avoir violé Beauty,l'une des filles.Elle parvient cependant à atteindre Tanger,où elle est prise en charge par l'organisation criminelle qui l'a importée.Mais ça ne loupe pas,elle est enceinte de son agresseur.Neuf mois plus tard,en France,la très bourgeoise Lucie et son mari apprennent que madame,après des années de tripatouillages médicaux,va avoir un bébé.Vu que les personnages sont interprétés par Alexandra Lamy et Bruno Todeschini,on se dit qu'ils ont plus l'air de préretraités que de jeunes parents.Et ça ne loupe pas car Lucie,avocate d'affaires partie finaliser un contrat à Tanger,fait une fausse couche.Elle se retrouve à l'hosto dans la même chambre que Beauty qui vient de dépoter son môme.Eh oui,le hasard est un grand maître,principalement au cinéma.Les deux femmes sont faites pour s'entendre.L'africaine rejette ce bébé issu d'un viol,la française,traumatisée par la perte de son foetus,ne demande qu'à se l'accaparer.Mais il n'est pas facile de barboter un nourrisson,et encore moins de passer la frontière avec.D'autant plus qu'un médecin humanitaire,très représentatif de ces membres d'ONG moralistes prompts à se mêler de tout,et de préférence de ce qui ne les regarde pas,veut absolument rendre le gosse à sa mère qui,rappelons-le,n'en veut pas et vit dans un taudis insalubre où elle est sous la coupe d'une mafia qui la destine au tapin.A partir de là,tout se barre en sucette et le film se résume à un interminable et laborieux chassé-croisé à travers Tanger qui voit Lucie,Beauty et Oscar,le toubib,se poursuivre,se fuir,se perdre et se retrouver,tout en trimballant le moutard avec eux, au gré de péripéties idiotes dictées par leurs décisions systématiquement absurdes et leurs incessants changements d'avis sur le mode "je veux le bébé,j'en veux plus,je te le rends,non garde-le,etc.".C'est ce qu'on pourrait appeler un film de gonzesses,fabriqué par et pour des femmes.Nathalie Marchak,dont c'est le premier long,cumule les fonctions de productrice,réalisatrice et scénariste.Le personnage principal est une femme,ainsi que la plus grande partie de l'équipe technique.En outre,le film a clairement été formaté pour plaire à la femme moderne et faire mouiller les téléspectatrices de Teva et les lectrices de Elle,en développant des thématiques auxquelles elles sont sensibles,comme la dure condition féminine,due à ces salauds de mecs "qui veulent tous quelque chose",la dure condition des migrants,et surtout des migrantes,dont la misère est honteusement exploitée,ainsi que la maternité,à la fois objet de désir et d'aliénation pour la femelle.Traiter ces sujets est parfaitement légitime,encore eût-il fallu le faire avec un minimum de talent et de finesse.On apprend ici des choses étonnantes.Par exemple que l'hôtellerie marche du feu de Dieu à Tanger,impossible de dégoter une piaule dans toute la ville,ou qu'on peut danser en boîte le lendemain d'une fausse couche,ou encore qu'une brillante avocate peut imaginer franchir une frontière sans passeport,peut-être parce qu'on est dans un pays sous-développé.Cependant,certains aspects du film fonctionnent.Marchak réussit assez bien sa description des moeurs criminelles africaines,peignant avec réalisme ces milieux impitoyables où l'on fait sans aucun état d'âme de l'argent en profitant de la pauvreté,et elle nous épargne en sus un total happy-end.D'autre part,elle filme plutôt bien et ses plans "vus du ciel" ou sa caméra se faufilant dans les ruelles sales et inquiétantes de Tanger ne manquent pas d'allure.Les acteurs,avec à leur tête Alexandra Lamy et Brontis Jodorowsky,le fils d'Alejandro,font le job correctement mais,limités par la crétinerie et le manque de relief de leurs personnages,ne sont pas non plus étincelants.

pierrick_D_
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le 11 sept. 2018

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