Paperhouse
6.5
Paperhouse

Film de Bernard Rose (1988)

Excellente surprise que voilà ! Paperhouse frappe immédiatement très fort en faisant preuve d’une remarquable acuité dans sa perception de la logique infantile. Collant de près à son héroïne pendant son cours, Paperhouse montre des enfants rapporteurs, hypocrites, menteurs. Mais avec toujours cette touche d’ingénuité et ce désir de plaire aux adultes qui règlent leur vie. Paperhouse n’a pas une vision péjorative des enfants, mais il saisit remarquablement les stratagèmes dont ils usent pour rallier les adultes à leur cause, ou parvenir à leurs fins. Mimant un évanouissement, l’héroïne avoue aller particulièrement bien à sa nourrice sur le chemin du retour de l’école, et quand cette dernière décide de l’y ramener, notre gamine boude en prenant pour prétexte le fait que sa nourrice ne s’inquiète plus pour elle. C’est si mignon, les enfants ! Et ce genre de détails significatifs de la psychologie infantile, Paperhouse en déborde. Des points forts qui doivent beaucoup à la performance des acteurs, unilatéralement bons, quelque soit leur âge. On aura lors d’une autre séquence, un camarade de jeu qui pour faire une mauvaise blague à notre gamine, lui lance une orange alors qu’elle est en équilibre dans un arbre. Une situation banale, mais le film saisit bien l’infime plaisir de la mauvaise blague assumée. Le fantastique n’est pas particulièrement revendiqué ici, le film utilisant des codes très oniriques pour le mettre en scène (souvent, c’est en dormant que la petite retourne dans cet univers, constitué d’une plaine et d’une maison solitaire). Au fur et à mesure que notre enfant dessine l’intérieur et plusieurs personnages, ce dernier s’élargit, et permet à notre petite fille de s’exprimer sur ce qu’elle vit. Clouée au lit par une fièvre, le dessin devient un refuge, peu à peu attaqué par des cauchemars qui renouent avec la peur d’un Nightmare on Elm Street. Avec des effets spéciaux excellents et un certain respect de codes fantastiques (les objets dessinés ne peuvent plus être modifiés, ceux qui sont incomplets le demeurent ad vitam eternam), Paperhouse crée un univers intéressant, et parvient surtout à capter une enfance particulièrement réaliste, emplie de sentiments et d’énergie, pas toujours utilisée à bon escient (l’ingratitude donne parfois envie de coller des gifles, les caprices aussi). Une découverte étonnante, pour le coup vraiment attachante.
Voracinéphile
8
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le 2 déc. 2013

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