Painted Skin
6.1
Painted Skin

Film de King Hu (1992)

Painted Skin s’inspire très librement d’une célèbre histoire contée dans le classique recueil de nouvelles de Pu Songling, Strange Stories From a Chinese Studio, adaptée de nombreuses fois à l’écran. On citera par exemple la version de 1966, The Painted Skin, celle de Gordon Lam en 2008 avec Donnie Yen, ou encore plus récemment tout un tas de DTV chinois estampillés « Painted Skin » (dont le duo Painted Skin / New Painted Skin en 2022), et bien entendu la version de King Hu qui nous intéresse ici, sortie en 1993, dernier film du réalisateur avant son décès 4 ans plus tard à l’âge de 65 ans. King Hu a influencé de nombreux réalisateurs, en particulier avec ses premiers films (Come Drink With Me, Dragon Inn, A Touch of Zen), mais pour sa dernière œuvre, c’est qui lui va s’inspirer de ce qui a été fait auparavant, ici Histoire de Fantômes Chinois, avec un film qui surfe très tardivement sur la vague lancée par le duo Tsui Hark / Ching Siu-Tung et qui sera un énorme fou au box-office.


Le public local a donc décidé de bouder Painted Skin, à peine plus de 1.3M$HK au box-office. Les spectateurs étaient sans doute par avance lassés de tous ces ersatz de Histoire de Fantômes Chinois qui ont déferlé sur les écrans, d’autant plus que, une fois de plus, Joey Wong reprenait ici ce rôle de fantôme coincé entre deux mondes qu’elle avait déjà incarné plusieurs fois. C’est vrai que Painted Skin fait partie des films les plus faibles de King Hu, mais il n’en demeure pas moins plein de qualités qui font qu’il reste malgré tout un spectacle recommandable pour quiconque a envie de se replonger dans ce genre de film. D’autant plus que, une fois de plus, Hu va accorder énormément d’importance au visuel de son film, auquel le blu-ray de Spectrum Films rend hommage (il n’était jusque là disponible que dans un dvd Tai Seng à la qualité plus proche du VCD). Quel que soit le plan, il y a toujours cette précision millimétrée du réalisateur pour la composition de ses cadres, de la lumière, des couleurs, même lors des mouvements de caméra qui accompagnent les personnages dans les scènes de dialogue. On y retrouve en plus cette petite touche wu xia du début des années 90, avec ce filtre bleuté qui en fera frétiller certains et en crisper d’autres.


On retrouve cette précision dans les scènes d’action, avec un montage rapide qui va venir compenser la quasi absence de wire-fu et, force est de constater, que ça fait clairement illusion. Mais il ne faut aps s’attendre à un déluge d’action. Painted Skin veut avant tout nous raconter une histoire, bien installer ses personnages, créer une ambiance, grâce aux images mais aussi à la bande son, et on sent que ce n’est pas l’action qui ici intéresse le plus King Hu. Du coup, le film est un peu longuet sur la première heure, mais pas inintéressant pour autant car on est rapidement envouté par ces plans s’apparentant parfois presque à des peintures. Lorsque l’action arrive, ce n’est pas un déluge martial, même si Lam Ching-Ying (dans un de ses derniers rôles) va malgré tout lever la gambette, car c’est essentiellement de la magie que les différents protagonistes utilisent.

Le casting est bon, prestigieux, mais c’est surtout au niveau des personnages que le film a un problème. Leurs motivations semblent parfois plus dictées par ce qui est écrit dans le scénario que parce qu’ils vivent réellement à l’écran. Ça sonne parfois un peu faux, en particulier dans certains rapports qu’ils ont entres eux, et il est parfois difficile de les caractériser au niveau de leur morale qui est souvent un peu floue. Ça manque clairement de vie, on a l’impression que ces personnages passent à côté de ce qu’ils devraient être réellement.


Souvent décrié par les amateurs du réalisateur, Painted Skin n’est pas la catastrophe dont certains parlent. Certes, c’est un King Hu très mineur, loin d’être complètement réussi, mais il demeure un divertissement agréable si vous vous faites embarquer par son ambiance et son visuel.


Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/coffret-king-hu-vol-ii-presentation-et-critiques-1965-1993/

cherycok
5
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le 15 févr. 2024

Critique lue 9 fois

cherycok

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