Les mathématiques du contact

"UFO" donnerait probablement des cauchemars à Roland Emmerich et à ses potes adeptes de destructions massives causées par des aliens tentaculaires par son approche antispectaculaire qui fait toute sa qualité .
Dans un sens, on pourrait le rapprocher de la première partie du "Contact" de Robert Zemeckis qui jouait avant tout sur notre fascination perpétuelle de recevoir un message d'une civilisation d'un autre monde et de l'interpréter pour enfin espérer ce fameux premier contact.
Avec l'apparition d'un OVNI à l'aéroport de Cincinatti que le gouvernement tente d'étouffer, un jeune étudiant en mathématiques embrasse totalement cette foi incontrôlable du désir de comprendre l'inconnu envers et contre tous qui animait également le personnage de Jodie Foster en 1997. Contaminé par son enthousiasme et le ton réaliste du film qui utilise de vraies données mathématiques pour établir ce contact (la constante de structure fine en est le point central), "UFO" nous emporte avec la fougue de ce personnage que l'on se surprend presque à découvrir de ce regard naïf tourné vers le ciel que lui-même a eu en observant un phénomène étrange dans sa jeunesse. Sous la forme d'un compte à rebours vers un événement crucial, chaque avancée vers la compréhension de l'apparition prend forcément une tournure de plus en plus passionnante au fur et à mesure que la lumière sur ses intentions se fait par les seuls raisonnements mathématiques de ce petit génie obsédé par l'idée de devenir le réceptacle des motivations d'un monde inconnu. Et chose assez forte, alors que son final avait tout pour céder à la facilité du spectaculaire, le film ne déviera jamais de sa ligne directrice en privilégiant avec une réelle intelligence la fin et le le début d'un nouveau voyage pour son héros que l'on aura adoré suivre à travers ses réflexions.
Bien sûr, hormis cela, "UFO" ne fait peut-être pas un carton plein sur tout ce qu'il entreprend, notamment sur le paradoxe de s'isoler de manière jusqu'au-boutiste pour se rapprocher d'une forme de vie au fin fond de l'univers à travers le héros et ses proches (on s'en fiche un peu à vrai dire), mais il surprend néanmoins agréablement à travers ses personnages secondaires plutôt bien traités comme cette professeur (Gillian Anderson) persuadée que sa carrière est derrière elle et qui retrouve la foi au contact de cet étudiant ou cet agent du FBI (David Strathairn) dont on attend forcément beaucoup à chaque apparition.
"UFO" porte simplement bien son titre en fin de compte : reconnaissez-le, dès que l'on entend l'acronyme "OVNI" à travers des vidéos, des reportages ou des écrits, notre curiosité enfantine à porter nos yeux vers les étoiles pour se demander si nous sommes seuls dans l'univers l'emporte sur à peu près toute autre réflexion rationnelle. Et c'est avec cela que le film de Ryan Eslinger renoue à travers le parcours de son héros habité par une expérience de son enfance à laquelle répond aujourd'hui son don pour les mathématiques désormais considéré comme une solution pour la comprendre.
Encore une preuve que les ambitions d'un bon petit film de SF ne se mesurent pas à son budget mais à l'intelligence dont il fait preuve...