In the Beginning byAdam Janota Bzowski

https://www.youtube.com/watch?v=KsyLKAsYORU

L'intérêt de ce film n'est pas que c'en est un traitant de la préhistoire ni même que c'est un film voulant mettre en avant une femme forte...

Non, Out of Darkness parle de ce qu'est réellement la nature humaine, soit celle de la destruction par la peur et l'incompréhension.

Filmé dans les Highlands de Wester Ross non loin du Loch Gairloch (nord-ouest de l'Écosse) en novembre 2020, Out of Darkness ne propose pas qu'un énième survival, mais une réflexion sur la véritable nature humaine.

Le fait de le situer il y a 45.000 ans à l'ère du Paléolithique (soit l'ère de la pierre taillée, nommé ainsi en 1865 par le préhistorien/naturaliste John Lubbock) en fait un commencement de la peur via l'ignorance (ici l'étranger "différent", donc automatiquement un danger, comme quoi rien n'a changé depuis plus de 3 millions d'années dans le règne de l'Homo) envers tout ce qui est "différent".

Évitant l'écueil habituel de faire parler des H. Sapiens en anglais, le réalisateur Andrew Cumming demande au multi-linguiste Daniel Andersson de créer un langage spécifique pour les personnages du film.

Celui-ci mixa donc du Basque avec de l'Arabe tout en cherchant une certaine musicalité pour donne une fluidité naturelle à ce qui fut nommée la langue "Tola".

Et ça fonctionne parfaitement, il faut le dire !

Pour son premier long, Andrew Cumming fait fort et instaure très vite une crédibilité inattaquable et une ambiance anxiogène en filmant dans les Highlands où paysage désertique à perte de vue stoppe brutalement à la lisière d'une forêt sombre pleine de mystère.

The Forest byAdam Janota Bzowski

https://www.youtube.com/watch?v=YIepWJEaino

Cumming filme cette forêt comme McTiernan su le faire au Mexique pour Predator,lors des séquences nocturnes.

Il utilise une brume opaque appropriée pour camoufler la menace qui semble cerner le petit groupe d'humains de toutes parts et on pense donc forcément au film de McT lors de la découverte du charnier.

Mais le réalisateur utilise aussi (et d'une belle manière !) les aurores boréales pour illuminer la profonde forêt de sa clarté verdâtre, ajoutant un côté mystique bienvenu apesantissant l'atmosphère de cette longue nuit dans ce labyrinthe arboré.

Le score d'Adam Janota Bzowski rajoute encore une aura menaçante à l'ensemble, tout comme l'excellente photographie légèrement désaturée de Ben Fordesman, naviguant entre la lumière bleutée de la grotte (rappelant celle d'Adrian Biddle pour Aliens, tant et si bien qu'on s'attendrait presque à voir un Xenomorphe surgir d'une paroi...), celle ambre lors des séquences autour du feu de camp alors que les scènes diurnes aplatissent un peu les couleurs pour leur donner un ton minéral.

La découverte de ce film (outre celle du réalisateur/scénariste déjà auteur de deux court-métrages en 2010 et 2013) est incontestablement Safia Oakley-Green, une actrice britannique de 22 ans, qui interprète Beyah, l'héroïne du film.

Loin des canons de beauté dictant leurs lois dans le milieu du cinéma, son visage très expressif permet de donner beaucoup de réalisme à son rôle, au contraire d'un Chuku Modu qui fait un homme préhistorique un peu trop "clean".

Se rapprochant un peu du fameux The 13th Warrior de...hey, John McTiernan

pour la révélation finale concernant la créature, qui n'est en fait qu'une Néanderthalienne affublée d'un crâne d'animal recouvert de cuir, comme le furent les Wendols chez McT,

Out of Darkness

se permet surtout d'inverser les rôles, l'héroïne devenant le "monstre"lors du climax final, alors que le couple Néanderthalien devient de fait les héros de par leur humanisme supérieur à celui de Beyah, en démontrant une forte empathie envers les vivants et un respect pour les morts que Beyah ne semble pas posséder, du moins avant la scène de l'inhumation finale, ce qui est d'ailleurs un fait scientifique avéré que le Néanderthalien n'était pas comme le suggère l'imagerie d'Épinal un être frustre, violent et idiot mais au contraire, un équivalent de son cousin Sapiens,

faisant de ce film un moment fort.

Mais hélas, le public semble le bouder car déjà il faut lire les sous-titres, alors c'est fatiguant pour les fainéants biberonnés aux films de merde made in Marvel/Disney débordant de dialogues très cons et faciles d'accès et de plus, il n'y a ni CGI, ni surdécoupage, ni séquence lacrymale, ni bimbos siliconées, ni message pro-politiquement correct...

Non, Out of Darkness est un film qui ne précipite pas les évènements ni ne joue de scare-jump, d'étalage de gore gratuit, de persos cons comme des planches......mais voilà, untel va dire que ce premier long de Cumming ne montre pas assez de scènes d'action ou pire, qu'il joue la carte de la revanche du féminisme sur le patriarcat (alors que pas au vu du résultat final...,merde, regardez correctement le film,

comment une jeune femme menant involontairement son groupe à sa perte peut être une revanche sur le patriarcat ???

Le spectateur d'aujourd'hui est tellement vissé sur son smartphone de merde à faire défiler 1000 pages à la seconde, que lorsqu'un film expose les choses en prenant un minimum son temps sans nous jeter des conneries 3D ou CGI en pleine gueule avec des punchlines débilitantes, ça en fait un film "meh"...

Quelle tristesse, en vérité je vous le dit !

Fort dommage que ce film ait mis 4 ans à sortir (hors festivals) faute de distributeur, car cela auarit pu changer la carrière et du réalisateur (passé à la TV) et de son actrice principale (quelques épisodes de séries TV et une apparition furtive dans She Said en 2022...).

Bref, fort surpris je fus après l'avoir vu et c'est raffraichissant de voir un film récent...qui est si éloigné des vilainies habituelles formatées pour un public paresseux et qui plus est, nous parle de ce qu'est réellement la nature humaine, parfois empathique, drôle, aimante...et souvent égoïste, affreuse et haineuse...

45.000 Years byAdam Janota Bzowski

https://www.youtube.com/watch?v=kqOFqQej7eg

Franck_Plissken
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le 1 mars 2024

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The Lizard King

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